Pour les victimes de Taoufik Bouachrine, c’est là une nouvelle forme de justice qui vient de leur être rendue. Alors que le Groupe de travail sur les détentions arbitraires, le GTDA, relevant de l’ONU, s’était jusqu’ici limité à la seule version du directeur d’Akhbar Al Yaoum, il vient de livrer un autre avis. Cette fois-ci, le GTDA s’exprime sur le fond d’une affaire où Bouachrine est accusé et condamné pour une série de viols et de tentatives de viols sur pas moins de 8 victimes.
Celles-ci ont donc saisi l’organisme onusien pour faire entendre leur voix. Et le GTDA n’a pas manqué de réagir, dans une lettre datée de ce mercredi 12 juin.
Ce groupe de travail, relevant de l’ONU, affirme ainsi avoir pris connaissance des souffrances des victimes et annonce compatir à leur douleur.
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Prenant ses distances et écartant toute responsabilité quant aux interprétations qui découlent de son avis sur le dossier, le GTDA précise ne s’être jamais prononcé en faveur de l’innocence de Bouachrine. L’avis du groupe en question ne veut ainsi, et en rien, signifier que Bouachrine n’est pas coupable des actes qui lui sont reprochés.
Pour le GTDA, la Justice marocaine, en laquelle il déclare avoir confiance, est la seule habilitée à se prononcer sur ce genre d’affaires.
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Pour maître Mohamed El Housseini Karrout, avocat des victimes, l’avis du GTDA équivaut à une victoire pour celles-ci. «A l’injustice de leur violeur et agresseur, elles ont également subi toutes les formes de mépris, que ce soit de la part de la société ou d’une certaine société civile et de certains médias qui se sont davantage solidarisés avec leur bourreau. L’avis du GTDA, aujourd’hui, les rétablit dans leurs droits, mais aussi dans leur dignité», commente cet avocat.
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Ceci, «d’autant que le précédent avis de ce groupe de travail, inspiré par ces même parties, s’était basé sur des informations erronées et sciemment livrées pour induire l'opinion publique et ce mécanisme onusien en erreur. Sinon, et pour ne citer que ces deux exemples, comment comprendre des assertions selon lesquelles le délai de garde à vue de 24 heures de Bouachrine a été dépassé, alors que la loi marocaine le fixe à 48 heures, ou encore que le parquet général, autorité judiciaire au Maroc, n’avait pas le droit de l’arrêter, sachant que la loi le lui permet», souligne Me Mohamed El Housseini Karrout.
Rappelons que Taoufik Bouachrine a été condamné en novembre 2018 à 12 ans de prison ferme, notamment, selon les chefs d’inculpation qui ont par la suite été retenus contre lui, pour «traite d’êtres humains, par l’exploitation d’une situation de vulnérabilité ou de besoin et le recours à l’abus d’autorité, de fonction ou de pouvoir à des fins d’exploitation sexuelle, ou le recours à d’autres formes de contrainte, commis à l’encontre de deux personnes en réunion, attentat à la pudeur avec violence et viol et tentative de viol».
L’accusé a été également jugé pour des délits de harcèlement sexuel, du recrutement d’individus en vue de la prostitution, dont une femme enceinte, de l’usage de moyens qui permettent de photographier, de filmer ou d'enregistrer ces actes, lesquels ont été commis sur 8 victimes et filmés à l’aide de séquences vidéo. Environ 50 films enregistrés sur CD et supports numériques ont été saisis lors de son arrestation.