Driss Lachgar: "Le PJD a paralysé le pays"

Le360

Revue de presseKiosque360. Le premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachgar, a accordé une longue interview au quotidien Assabah de ce 22 mars. Il y parle du PJD, de la majorité gouvernementale, de son refus d’un 3e mandat à la tête de l’USFP et de la nécessité de réviser l’article 47 de la Constitution.

Le 21/03/2019 à 21h40

Selon Driss Lachgar, la démocratie est encore naissante et traîne un énorme boulet. Ainsi, plutôt que d’avoir un échiquier politique polarisé entre des camps de gauche, droite ou centre, la démocratie marocaine est encore prise en otage par une polarisation artificielle, dominée par les pourvoyeurs d’argent sale, le système de la bienfaisance politicienne mais, surtout, par les professionnels de la dénaturation des élections, bien implantés au sein des administrations locales.

Dans une interview accordée au quotidien arabophone Assabah de ce vendredi 22 mars, le premier secrétaire de l’USFP estime que c’est cette polarisation artificielle qui a faussé les plus récentes élections au Maroc en créant un déséquilibre entre les partis politiques, déséquilibre qui est derrière tous les blocages politiques que le Maroc a vécus ces dernières années.

La solution? Il faut nécessairement ouvrir un dialogue pour aller dans le sens d’une révision de l’article 47 de la Constitution, en vue de mieux préciser la notion du «parti politique arrivé en tête des élections des membres de la Chambre des représentants».

En effet, pour Lachgar, la carte politique du Maroc ne doit pas rester otage d’un seul parti, pour la simple raison qu’il a été classé premier, mais non majoritaire, des élections législatives. Juridiquement, ce parti doit respecter les délais impartis pour former son gouvernement, sans jamais imposer sa vision à ceux avec lesquels il veut former une majorité homogène, mais être à leur écoute. En cas d’échec de formation du gouvernement, et pour éviter tout blocage, c’est le parti arrivé deuxième qui sera chargé de former une coalition et ainsi de suite, comme cela se fait sous d’autres cieux, nonobstant les crises politiques que cela peut engendrer parfois. Mais la démocratie, c’est aussi ça: la recherche, coûte que coûte, des équilibres politiques.Et c’est justement ce point cardinal qu’ignorent aussi bien le Parti de la justice et du développement, que son secrétaire général et actuel chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani.

Pire, le PJD étant lui-même paralysé en interne par le simple fait qu’El Othmani dit une chose et ses députés une autre, alors que les autres partis dont il est le chef de file au sein du gouvernement sont la cible de ses attaques au quotidien, c’est finalement tout le pays qui se trouve ainsi paralysé.

Malgré cette situation de paralysie au sein de la majorité, Driss Lachgar est contre tout remaniement au sein de l’actuel gouvernement, et se fait même l'avocat de sa continuité jusqu’à la fin de son mandat. Car, justifie-t-il, au vu de ce qui se passe en Algérie, dont le peuple manifeste pour la fin de l’actuel régime, et dans certains pays européens, avec la casse des gilets jaunes en France, le Maroc doit veiller avant tout à sa stabilité, que d’aucuns lui jalousent.

Abordant, pêle-mêle, d’autres points tout au long de son interview à Assabah, Lachgar confirme qu’il ne sera pas candidat pour un 3e mandat, même au cas où les adhérents de l’USFP le lui demanderaient à l’unanimité. Pas question non plus de changer les statuts pour ce faire, car l’USFP n’est pas un parti «bananier comme d’autres partis d’ici». A la question de savoir si c’est Habib El Malki qui sera son remplaçant, le premier secrétaire sortant botte en touche, en affirmant qu’il n’est pas au courant de sa candidature. Selon lui, le portrait-robot du futur patron du parti de Abderrahim Bouabid est simple: il doit défendre le projet sociétal moderniste du parti de la Rose et réaliser de bons résultats aux élections de 2021.

Enfin, concernant son avenir politique qui l’envoie à Tunis en tant qu’ambassadeur plénipotentiaire du royaume, Driss Lachgar s’estime peut-être trop imposant pour ce poste. Mais, un USFPiste pouvant en cacher un autre, il reconnaît que c’est Hassan Tarik qui est pressenti pour occuper cette fonction en Tunisie. 

Par Mohammed Ould Boah
Le 21/03/2019 à 21h40