Ce programme «a réussi dans sa phase expérimentale», s’est félicité le ministre de l’Éducation nationale, Mohamed Saâd Berrada, sans pour autant convaincre l’assistance, parmi laquelle figurait le chef du groupe Mouvement populaire (MP), Driss Sentissi.
Selon le ministre, cette réussite repose sur une évaluation conduite par le Morocco Innovation and Evaluation Lab (MEL), fruit d’une collaboration entre l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), le Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab (J-PAL) du Massachusetts Institute of Technology, le Harvard Center for International Development (CID) et Community Jameel.
L’expérience, pilotée l’an dernier dans 600 écoles et touchant 300.000 enfants, a révélé des résultats probants. «En comparaison avec l’école “classique”, les élèves de l’École pionnière ont répondu correctement à 60 questions sur 100, contre 40 pour leurs homologues, soit une amélioration de 50% en six mois», a déclaré le ministre. Selon les initiateurs du programme, l’expérience a largement dépassé les attentes, atteignant «un excellent score de 0,9». Cette année, le programme a été étendu à 2.000 écoles, bénéficiant à 1,3 million d’enfants, a-t-il précisé. Les résultats, mesurés depuis octobre, ont été jugés favorables après six semaines de mise en œuvre, grâce au soutien du système J-PAL et de l’UM6P.
«Aujourd’hui, d’après les experts, la réussite du système pédagogique de l’École pionnière est indiscutable», a affirmé le ministre.
Cependant, cette déclaration a suscité une vive réaction de la part des députés. «Nous avons reçu des réponses éloignées de la réalité. Elles étaient purement chiffrées, alors que nous attendions du ministre qu’il nous expose ses efforts pour améliorer la qualité de notre enseignement», a regretté le député Driss Sentissi. «Nous voulions connaître le niveau de formation offert aux 30.000 enseignants grévistes qui ont été recrutés. Sans une formation adéquate pour ces enseignants, il n’y aura pas d’amélioration significative de l’enseignement», a-t-il ajouté. Selon lui, «l’École pionnière est un enseignement catégoriel et sélectif».
De son côté, Khadija Arouhal, députée du Parti du progrès et du socialisme (PPS), a vivement reproché au ministre l’insuffisance des efforts pour promouvoir la langue amazighe dans les établissements scolaires. «Il y a peu d’efforts pour consolider l’enseignement de la langue amazighe dans nos écoles. Les professeurs de cette langue, au lieu d’enseigner l’amazighe aux élèves, sont affectés à d’autres matières», a-t-elle déploré. Une gestion jugée incohérente avec les engagements pris par le gouvernement en matière de diversité culturelle.
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