Dans une nouvelle lettre, la troisième du genre en ce seul mois d’octobre, envoyée jeudi 22 octobre au secrétaire général des Nations unies, le chef du Polisario semble chercher à aller tout droit à la confrontation avec la communauté internationale. Ou, plus exactement, faire une pression désespérée sur cette dernière à une semaine de la réunion et d’une nouvelle résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara.
Dans cette missive, rédigée par les décideurs algériens, Brahim Ghali menace ouvertement de faire monter durablement les enchères au niveau de ce qu’il appelle la «brèche illégale», écrivant qu’il n’empêchera plus les manifestants d’aller obstruer le passage, voire qu’il les soutiendra militairement.
D’ailleurs, et en violation flagrante des termes de l’accord de cessez-le-feu de 1991, plusieurs véhicules militaires appartenant au Polisario ont été aperçus jeudi 22 octobre, stationnant en pleine zone démilitarisée d’El Guerguerat. Une violation que ne manqueront pas de relever les observateurs de la Minurso, présents en grand nombre sur les lieux. D’ailleurs, ces derniers réussissent tant bien que mal à rétablir sporadiquement la circulation au niveau du passage. Selon les médias proches du Polisario, il s’agirait plutôt de «frères mauritaniens autorisés à passer», une façon de ménager l’opinion mauritanienne, très remontée contre le Polisario à cause des retombées néfastes de ses agissements sur l’économie mauritanienne.
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Certains dirigeants du Polisario auraient pris contact avec des médias mauritaniens pour tenter de leur faire avaler la pilule amère de l’embargo économique qu’ils veulent imposer au voisin sud du Maroc. Ainsi, le site Alakhbar.info, média généralement choisi par le Polisario et les groupes terroristes du nord du Mali pour diffuser leurs «communiqués de presse», a promis de publier incessamment une interview avec le chargé de la sécurité au sein du Polisario, Abdallah Lehbib. Ce dernier aurait affirmé: «la fermeture actuelle du passage d’El Guerguerat n’est pas d’ordre tactique, mais le retour à la guerre est devenu inévitable».
Pour rappel, quelques heures seulement après qu’un groupe de baltajias du Polisario a perturbé, mercredi 21 octobre, le passage commercial d’El Guerguerat, le secrétaire général de l’ONU a fermement réagi, par la voix de son porte-parole, Stephane Dujarric. «Nous rappelons que la circulation civile et commerciale régulière ne doit pas être entravée et qu’aucune mesure ne doit être prise qui pourrait constituer un changement du statu quo dans la zone tampon» d’El Guerguerat», a affirmé le porte-parole onusien, lors d’une conférence de presse organisée au siège de l’ONU à New York.
Le SG de l’ONU a enjoint, pour la troisième fois cette année, aux séparatistes du Polisario de quitter la zone tampon d’El Guerguerat et de ne plus y entraver la régularité de la circulation civile et commerciale. Il y a juste un mois, le 24 septembre dernier plus exactement, le secrétaire général de l’ONU avait clairement sommé le Polisario de se retirer de la zone d’El Guerguerat, lors d’une précédente incursion, et de ne plus obstruer le trafic commercial et civil qui transite par la frontière maroco-mauritanienne.
Le 20 janvier 2020, Guterres avait également mis en garde le Polisario contre toute entrave du passage de la caravane du Rallye Eco Race Africa.
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Mais mercredi dernier, Antonio Guterres s’est montré beaucoup plus ferme, puisque la Minurso a été appelée à mobiliser «davantage ses éléments» à El Guerguerat pour «débloquer la circulation» chaque fois que le Polisario chercherait à l’entraver.
Ce nouveau rappel à l’ordre sonne aussi comme une réponse à la lettre de Brahim Ghali, datée du 8 octobre courant, et transmise par l’ambassadeur sud-africain à l’ONU aux membres du Conseil de sécurité. Y critiquant le dernier rapport d’Antonio Guterres dans son ensemble, le chef du Polisario a aussi menacé de couper les ponts avec l’ONU, voire de recourir à l’option militaire.
C’est cette constance de l’ONU à défendre la légalité, aux yeux de la communauté internationale, du passage d’El Guerguerat qui semble enrager Brahim Ghali. Dans sa lettre de ce 22 octobre, il s’est plaint de la régularité de «l’apparition depuis avril 2017, dans les rapports onusiens, de l’expression "trafic commercial et civil" à El Guerguerat» et de l’abandon de toute référence au référendum dans lesdits rapports.