Avec 84 voix, soit 51,2% des suffrages, le Français Lucas Philippe, contrôleur général, conseiller aux affaires européennes et internationales à la Direction générale de la Police nationale de l’Hexagone, a devancé le Turc Mustafa Serkan Sabanca (60 voix), la Namibienne Anne-Marie Nainda (12 voix) et l’Éthiopien Demelash Gebremicheal Wewdeyes (8 voix). Il succède à l’Émirati Ahmed Naser Al-Raisi, au terme d’un scrutin organisé selon le principe: «Un pays, une voix».
Dans une déclaration pour Le360, le nouveau président d’Interpol a souligné qu’il est «très heureux» d‘être élu au Maroc, pays qui résonne dans son cœur pendant longtemps.
C’est ici, à Marrakech, «que je suis devenu aujourd’hui président, avec l’aide forte du Maroc. Je suis très heureux de fêter cette victoire commune, qui marque le début d’une ère un peu nouvelle, tout en tirant avantage de l’ère précédente portée par le président Al-Raisi, qui a structuré l’organisation et y a apporté beaucoup de technologies».
Un mandat tourné vers l’anticipation et l’humain
Interrogé sur les prémices de sa feuille de route, Lucas Philippe rappelle que ses lignes directrices découlent d’un travail mené auprès des États membres. «Mes priorités pour les quatre prochaines années sont celles que les États membres et l’organisation ont déjà exprimées. J’ai enrichi ce projet avec ma petite enquête que j’ai faite pendant ma campagne. Parce que j’ai fait une vraie campagne mondiale, j’ai parlé à quasiment tous les pays», a-t-il indiqué.
De cette consultation globale, il retient que «les gens veulent faire d’Interpol un hub d’anticipation des menaces et des compétences, c’est-à-dire mieux structurer toute cette richesse qu’on a avec 196 pays».
Pour lui, cette mission passera d’abord par un recentrage sur les femmes et les hommes qui composent l’organisation. «On veut remettre l’humain au cœur du dispositif», dit-il, insistant sur la diversité culturelle et géographique d’Interpol.
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«Je serai un président attentif aux nuances… quelqu’un qui fera attention aux balances, aux cultures», avance-t-il, revendiquant également sa capacité à articuler stratégie et opérationnel. «Je suis aussi un commissaire de police qui a l’habitude d’évaluer le rapport entre le stratégique et l’opérationnel», poursuit-il.
Se décrivant comme «Interpolien», Lucas Philippe affirme incarner la diversité même de l’Organisation. «Je suis asiatique parce que j’ai vécu en Asie, je suis africain parce que j’aime l’Afrique. Je suis aussi américain par l’énergie que les Américains m’ont donnée et je suis européen de naissance et fier de faire la synthèse de toutes ces nuances», résume-t-il.
Cette identité composite, dit-il, sera un atout pour fédérer les États membres autour d’objectifs communs: sécurité, anticipation, coopération.
Une ère nouvelle qui s’ouvre depuis Marrakech
En tant que président, Lucas Philippe présidera les réunions du Comité exécutif, chargé de superviser l’application des décisions adoptées par l’Assemblée générale. Fonction exercée à temps partiel, et non rémunérée, elle exige également une relation constante avec le Secrétaire général afin de garantir la conformité de toutes les actions de l’organisation aux décisions votées.
Pour Lucas Philippe, le point de départ est posé: Marrakech marque l’ouverture d’une nouvelle phase dans l’histoire d’Interpol. Une ère qu’il veut ambitieuse, fondée sur «des choses tangibles», «réalisées au quotidien» grâce à des équipes choisies pour leur efficacité.
Et cette nouvelle dynamique porte l’empreinte du Royaume, pays qu’il n’a cessé de remercier. «La sécurité, c’est la paix»... Une formule simple, qui résume l’esprit avec lequel il entend aborder son mandat, un mandat né, comme il le répète, «ici, avec le Maroc».







