Mohamed El Yazghi, ancien ministre et ancien premier secrétaire du parti de la Rose, n’est pas tendre avec ses pairs. Selon lui, une lecture saine de la Constitution de 2011 et le retour, officiel dans quelques jours, du Maroc au sein de la famille africaine (Union africaine) auraient dû contribuer à la formation rapide du gouvernement issu des législatives du 7 octobre 2016.
Dans son édition du mercredi 18 janvier, le quotidien Assabah rapporte qu’El Yazghi a sévèrement critiqué les chefs de partis politiques impliqués dans les consultations pour la formation du prochain Exécutif. Il leur reproche surtout de ne pas tenir compte du contexte que traverse actuellement le Maroc et de faire preuve de mauvaise foi vis-à-vis d'Abdelilah Benkirane, chef de gouvernement désigné, qui, lui, doit redoubler de patience et d’intelligence, estime-t-il.
Le «blocage» actuel constitue un désastre pour l’image de la chose politique au Maroc, ce qui risque de décourager davantage l’opinion publique, déjà assez réticente, comme le prouve le taux d’absentéisme aux dernières élections, constate El Yazghi. Pour lui, la cause principale de l’impasse réside dans ce qu’il appelle l'«artifice» de la «fausse bipolarisation» (PJD-PAM) du champ politique marocain.
Prenant la défense d’Abdelilah Benkirane, il affirme que le chef du gouvernement, désigné dans le respect de l’esprit et de la lettre de la Constitution de 2011, a le droit et le pouvoir de choisir ses alliés et sa majorité, comme cela se fait dans toutes les démocraties.Puisque le roi a respecté la constitution en désignant Benkirane chef du gouvernement, son parti ayant remporté les dernières législatives, il appartient aux chefs de partis politiques de prendre leurs responsabilités, affirme El Yazghi.
Sur un autre registre, Assabah rapporte que l’ancien leader USFPiste aurait aimé la tenue d’un débat national sur l’Acte constitutif de l’Union africaine avant sa ratification et le retour du Maroc au sein de l’organisation panafricaine. Cet Acte comporte en effet le principe de l’intangibilité des frontières, alors que certains territoires du Royaume, comme les présides de Sebta et Millila, sont encore occupés.
Pour rappel, lors de la ratification, en 1963, du traité instituant l’Organisation de l’unité africaine (la défunte OUA), le Maroc avait pris soin de déposer une réserve sur ce principe de l’intangibilité des frontières. Un principe qui l’aurait spolié de Sidi Ifni, de Tarfaya, du Sahara marocain, du Rif, voire de Tanger qui fut, un certain temps, zone sous mandat international.