Dans l’inconscient populaire, le Hamas palestinien a, lors de l’attaque menée le 7 octobre en Israël, détruit le mythe de l’invincibilité de l’armée israélienne, l’une des plus puissantes et des mieux équipées du monde, dont une poignée de soldats ont été tués ou emprisonnés. Et après? C’est cette question que pose, pour les besoins d’un débat serein, Al Ahdath Al Maghribia dans l’éditorial de son édition du vendredi 15 décembre.
En effet, plus de deux mois après cette attaque, qualifiée par une petite partie de «la rue arabe» d’unique en son genre, et le déclenchement de la guerre qui s’ensuivit entre le Hamas et Israël, il n’est pas interdit aujourd’hui d’ausculter, loin de tout chauvinisme, mais de façon raisonnable et pratique, le bilan et les retombées de l’opération «Déluge d’Al Aqsa» sur les Palestiniens.
Pour ceux qui applaudissent l’action du Hamas, ils lui reconnaissent d’avoir mis à nu ce qu’ils appellent la faiblesse du camp arabe et son incapacité à faire front, militairement s’entend, contre Israël, alors que d’autres se félicitent que l’action du Hamas ait freiné, selon eux, la dynamique de normalisation de l’Arabie Saoudite avec Israël.
A supposer qu’il s’agit là de points positifs, quel autre peut-on leur ajouter encore, se demande l’éditorialiste d’Al Ahdath, qui enchaîne avec un chiffre macabre, celui diffusé ce jeudi 14 décembre, et qui fait état de plus de 19.000 morts palestiniens à Gaza depuis l’opération du Hamas du 7 octobre dernier. Un chiffre bien évidemment provisoire, puisque rien ne semble indiquer que cette guerre est prête de s’arrêter.
Cette hécatombe et ces flots de sang de civils palestiniens innocents semblent pourtant être le cadet des soucis d’Ismail Haniyeh, le leader du Hamas, qui n’a en vue que les arrangements d’après et qui «compte ainsi montrer aux Américains», selon Al Ahdath, que rien ne se fera dans les territoires palestiniens sans le Hamas, qui prouve ainsi qu’il s’agit d’un mouvement qui n’a aucune once d’humanisme face à cette horrible coulée de sang, dont il est le premier responsable.
Tel est le vrai visage du Hamas, que les Palestiniens voient d’ailleurs comme une enclume sur laquelle l’Etat hébreu les écrase, au moment où Haniyeh, Khaled Mechaal et Senora se cachent dans des tunnels souterrains, à partir desquels ils prononcent des discours enflammés en direction de ceux qui croient encore aux slogans, et rien qu’aux slogans, conclut Al Ahdath.