Il ne s’agit certes que de sport, et il s’agit qui plus est d’un événement aussi coûteux que sans importance majeure dans la marche d’un pays vers le (vrai) progès. Mais le vote, et le soutien actif, de l’Arabie saoudite et des Emirats au dossier américain pour l’organisation de la Coupe du monde 2026 a sonné comme une trahison au Maroc. Trahison à une supposée «fraternité» arabe mais, surtout, envers un pays loyal, allié et soutien aussi effectif qu’efficace aux pays du Golfe.
Une telle attitude devrait-elle donc pousser le Royaume à revoir ses cartes et, ainsi, se garder de ses amis (ses ennemis, il s’en occupe très bien au demeurant)? C’est la thèse que défend le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition de ce lundi 18 juin.
Une chose est sûre: de la même manière que le Royaume a su apporter une réponse positivement neutre au conflit opposant l’Arabie saoudite & co au Qatar, il sait désormais que la solidarité est un concept à géométrie variable. Au moins, le Qatar, en la personne de l’Emir Tamim Al-Thani, a été le premier pays à prendre attache avec le Maroc, lui assurant son plein soutien en cas de candidature pour l’édition 2030 de ce tournoi mondial, nous apprend le quotidien. La réponse du Royaume ne se fera d’ailleurs pas attendre: le Maroc est effectivement candidat.
Mais en dehors de cela, à quoi faut-il encore s’attendre? «Il est temps pour le Maroc de déclarer son retrait de la Coalition menée par l’Arabie saoudite au Yémen», affirme Akhbar Al Yaoum qui cite Samir Bennis, expert marocain en relations internationales. Pour Abdelari Atouane, journaliste palestinien également cité, il s’agit d’un «coup de poignard dans le dos». «Soutenir le Maroc, ne serait-ce que parce que les Etats-Unis sont le principal soutien de la force occupante qu’est Israël, aurait été l’évidence même. Mais c’est mal connaître l’Arabie saoudite», dit-il.
A bien lire l’article d’Akhbar Al Yaoum, l’Arabie saoudite et les Emirats ont ainsi fort à perdre. Allié stratégiqie, politique, économique et militaire de ces pays, le Maroc n’a cessé de les appuyer, rappelle le quotidien, sur des registres aussi importants que ceux de la lutte contre le terrorisme, la sécurité ou encore la défense.
Mais faut-il s’émouvoir outre-mesure de cette «trahison»? «Je suis plutôt surpris de constater qu’il y a encore, au sein de l’opinion publique marocaine, des parties qui croient en l’unité arabe et en la solidarité islamique. L’Histoire nous a enseigné depuis bien longtemps qu’il ne s’agit là que de vagues chimères en lequelles plus personne ne croit. C’est décevant d’en être encore là», affirme Abdelmajid Belaghzal, politologue. Voilà qui est dit.