Bien que Abdelilah Benkirane ait démissionné de son poste de député pour incompatibilité avec sa fonction de chef de gouvernement désigné, dont il a été remercié après plusieurs mois de «blocage», son fantôme plane toujours sur le Parlement, et particulièrement au sein de son camp. En effet, les députés et conseillers du Parti de la Justice et du Développement, qui ont mal digéré la mise à l’écart du SG de leur parti, ont assuré le nouveau chef du gouvernement, Saad-Eddine El Othmani, non pas de leur soutien automatique et inconditionnel, mais d’une veille «critique et attentive».
Dans des propos rapportés par le quotidien Assabah dans son édition du mercredi 26 avril, le chef du groupe parlementaire du PJD à la Chambre des représentants et maire de la région de Fès, Driss El Azami El Idrissi, a déclaré qu’il soutiendrait le gouvernement, tout en «l’orientant vers le bon chemin». El Azami, qui intervenait lors du débat sur le programme gouvernemental présenté la semaine dernière par El Othmani, a ajouté que ce soutien «responsable» s’expliquait par la nécessité d’accorder la priorité «à l’intérêt national».
Précisant ses propos, ce nostalgique de Benkirane a clairement signifié à El Othmani que le soutien du groupe parlementaire du PJD «ne l’empêcherait pas d’exprimer ses positions sur tel ou tel dossier» et ce, a-t-il ajouté, «par respect pour les citoyens qui nous ont élus et pour les militants du parti, ainsi que pour le projet de construction démocratique dans lequel le pays est engagé».
Pour résumer cette attitude du «oui, mais» adoptée par le PJD vis-à-vis du nouveau gouvernement El Othmani, Assabah la compare à la politique d’«un pied dedans, un pied dehors», qualifiée en son temps de soutien critique, menée par l’Istiqlal à l’égard du gouvernement d’alternance dirigé par l’USFPéiste Abderrahmane El Youssoufi, à la fin des années 90 et début 2000.
Le quotidien arabophone n’oublie pas de mentionner que ce positionnement «à distance» des parlementaires du PJD par rapport à un gouvernement dirigé par leur parti est une première. Car il est admis de par le monde qu’un parti majoritaire, même relativement, doit automatiquement soutenir «son» gouvernement, surtout lorsqu'il est dirigé, de surcroît, par l’un des siens et qu'il y dispose de pas moins de onze portefeuilles, dont celui du primus inter pares ministériel.