La Charte de la majorité est un concept qui est entré dans le vocabulaire politique sous le premier gouvernement d’Abdelilah Benkirane. Il s’agissait, pour des partis d’obédience islamiste (PJD), de centre droit (RNI et MP), ou gauchiste (PPS), que tout séparait idéologiquement, d’établir un semblant de règlement intérieur visant à régir leur coalition gouvernementale majoritaire. Cette charte était signée par les secrétaires généraux des partis formant cette majorité.
Pour l’actuelle coalition gouvernementale, formée de six partis, la Charte gouvernementale a été mise sur pied peu de temps après la nomination de Saâd-Eddine El Othmani comme chef du gouvernement, en remplacement d’Abdelilah Benkirane. C’est du moins ce qu’affirme Mustapha El Khalfi, porte-parole du gouvernement, dans une déclaration rapportée par le quotidien Al Ahdath Al Maghribia de ce mardi 16 janvier.
Les questions sur le retard enregistré par ce document ont été récemment soulevées suite à la passation de pouvoir à la tête du PJD entre Benkirane et El Othmani. Surtout qu’il était de notoriété publique que c’est Benkirane qui a toujours ouvertement refusé de signer cette charte, sous prétexte qu’il ne voulait pas se mettre à table avec certains adversaires politiques. En fait, Benkirane avait délégué sa signature à une autre dirigeant du PJD, ce qu’ont refusé certains partis de la coalition gouvernementale qui voulaient celle de Benkirane ou rien.
Interrogé par Al Ahdath sur cet état de fait, Khalid Naciri, constitutionnaliste et ancien ministre PPS, attribue l’actuel retard de la signature de la charte à l’attentisme qui caractérise la nomination de nouveaux ministres en lieu et place de ceux emportés par le séisme politique du mois d’octobre dernier. Ce que confirme un dirigeant du RNI qui a déclaré à Al Ahdath: «On savait que c’était Benkirane qui bloquait la signature de la Charte. Cet obstacle n’existant plus, il faut donc attendre que le gouvernement soit complété pour que cette signature intervienne.»
Mais, au cas où cette dernière condition se réaliserait, un autre obstacle surgirait. En effet, et toujours selon Al Ahdath, les chefs des groupes parlementaires des partis de la majorité exigent d’apposer eux-aussi leur signature sur cette fameuse charte... qui risque de ne pas sortir de l'ornière.