Les faits sont têtus, mais certains leur font dire ce qu’ils veulent. C’est le moins que l’on puisse dire, s’agissant de la réaction puérile de Rodney Dixon, «conseiller» britannique en défense de Taoufik Bouachrine, l’ancien directeur d’Akhbar Al Yaoum, condamné à 12 ans de prison pour viols et tentatives de viols.
Celle-ci concerne la réponse adressée par le Groupe de travail sur les détentions arbitraires, relevant de l’ONU, aux victimes de l’ex-patron de presse après que ces dernières aient saisi l’instance sur le caractère biaisé de ses conclusions précédentes sur cette affaire.
S’étant jusqu’ici limité à la seule version du directeur d’Akhbar Al Yaoum, et dans cette dernière lettre en date, le GTDA est on ne peut plus clair: il affirme avoir pris connaissance des souffrances des victimes et annonce compatir à leur douleur, il précise ne s’être jamais prononcé en faveur de l’innocence de Bouachrine, et il souligne, en outre, que la Justice marocaine, en laquelle il déclare avoir confiance, est la seule habilitée à se prononcer sur ce genre d’affaires.
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Pour les victimes de Taoufik Bouachrine, c’est là une forme de justice qui vient de leur être rendue.
Mais la «défense» de Bouachrine ne l’entend pas de cette oreille. Véritable claque adressée au coupable, après moult tentatives de désinformation, la lettre lui est décidément restée en travers de la gorge. Là encore, c’est par une pure manipulation des faits qu’il procède.
Pour Rodney Dixon, la lettre n'a aucune importance et elle ne change rien à la nature prétendument politique de l'affaire. «Cette attitude dévalorise et porte atteinte non seulement aux victimes, mais à tout le travail du GTDA et l’ONU dans son ensemble. Et le propre des attributions onusiennes, c’est de défendre les droits de l’homme et ceux des catégories les plus démunis et des femmes en particulier. La lettre du GTDA le souligne d’ailleurs en précisant que ses recommandations se basent sur une approche humaine et humanitaire et non de droit pénal. Cette assertion ne supporte d’ailleurs aucune interprétation», commente Me Maître Meriem Jamal Idrissi, membre de la défense des victimes Bouachrine .
Le précédent avis du GTDA, qui avait été induit en erreur, et avait un caractère strictement consultatif, revêt désormais, et comme par enchantement, un aspect obligatoire. Mandatory. C’est en tout cas ce que Rodney Dixon tente de faire croire. En cela, il évoque un supposé délais de 48 jours, auquel les autorités sont tenues pour, excusez du peu, libérer Bouachrine. Alors que l’affaire a été jugée, que la peine prononcée a été qualifiée de légère par la défense des victimes et que le procès est actuellement en appel.
«C’est comme opposer une recommandation basée sur des sources, au demeurant peu fiables et qui n’a pas hésité à travestir la loi marocaine, à toute une Justice, basée sur des enquêtes, des preuves, des témoignages et un procès équitable. Ceci, d’autant que techniquement, le Maroc ne peut donner suite à ces recommandations du moment où l’affaire toujours devant la Justice. En plus, M. Dixon n’est pas sans savoir que le caractère coercitif d’une disposition donnée obéit à des considérations diplomatiques entre un Etat et un autre ou une institution internationale», souligne l’avocate.
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Le motif brandi par l’avocat britannique n’est évidemment autre que le prétexte qu’il s’agirait là, selon lui, d’un procès politique, alors que les faits qui sont reprochés au journaliste relèvent strictement du pénal, et que la détention serait, par conséquent, «arbitraire», au moment ou le détenu bénéficie de tous les droits que lui accorde la loi.
«Dire que le procès est politique, c’est soit présenter un article qui aurait été à l'origine de l’incarcération du concerné, et Taoufik Bouachrine n’en a présenté aucune, soit prouver une appartenance ou une qualité (de chef de partie, d’une association…) qui expliquerait son arrestation, et le suspect n’en a aucune. Ce qui reste par contre, ce sont des enregistrements vidéo prouvant la culpabilité de Bouachrine. A M. Dixon de nous dire quoi en faire», ajoute Me Idrissi.
Cette posture porte un nom: cela s’appelle marcher sur la tête. Rodney Dixon est d’ailleurs un grand habitué de cet exercice, lui qui, pour arriver à reprendre le dossier en lui donnant un cachet international, n’avait pas hésité à assimiler Taoufik Bouachrine à un certain Jamal Khashouggi. «Ce qui est étonnant, c’est de voir un avocat étranger s’immiscer de la sorte dans une affaire aux mains de la Justice marocaine alors que celle-ci est la seule habilitée à trancher. Ceci, alors que M. Bouachrine compte de nombreux avocats marocains à même de s’exprimer également. Un avocat, qui plus est, ne prête aucune attention au sort des victimes et leur fait subir des torts supplémentaires à ceux qu’elles ont déjà subi de la part de leur bourreau. Sur ce point précis, et si cela continue, nous n’hésiterons pas à le poursuivre», poursuit l’avocate.