«Je préfère mourir en mer que rester dans mon pays», a confié à l’AFP un migrant clandestin nord-africain qui a réussi à atteindre la plage d’Almeria en Espagne. Des milliers de ses compatriotes pensent comme lui, et ce sont près de 10. 000 migrants de ce pays qui sont entrés clandestinement en Espagne depuis le début de l’année, selon une dépêche de l’AFP datée du mardi 26 octobre. La chaîne de télévision franco-allemande Arte parle de 15. 000 personnes issues de ce pays, arrivées en Espagne au péril de leur vie depuis le mois de janvier, dans un reportage diffusé le 11 octobre.
Selon l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes Frontex, en 2021, les citoyens de ce pays nord-africain constituent le plus grand nombre de migrants illégaux à être entrés en Espagne, et forment le troisième plus important contingent de clandestins en Europe.
Pourtant, cette déferlante de harraga suscite très peu de réactions en Espagne. Le360 a cherché à comprendre les raisons de la quasi-indifférence des autorités et des médias espagnols envers les migrants clandestins quand ils arrivent de ce pays maghrébin, et, a contrario, la réaction épidermique dont ils font preuve –pour ne pas dire l’hystérie– quand il s’agit de migrants en provenance du Maroc.
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Interrogée par Le360, une source marocaine bien informée établit d’abord ce constat: «l’Espagne a toujours fait de la question migratoire une thématique centrale de sa politique étrangère et de ses interactions avec son voisinage. Mais les développements de ces dernières semaines révèlent un double standard dans l’attitude des autorités espagnoles, en fonction du pays d’origine des migrants».
Et d’ajouter: «en effet, lorsqu’il s’agit de migrants provenant du Maroc, l’on observe que la “machine“ politique et médiatique espagnole s’emballe, entraînant avec elle les institutions européennes, et empruntant un langage puisé dans le lexique guerrier, allant même jusqu’à parler “d’invasion“».
«En revanche, poursuit notre source, la réaction espagnole est bien plus timorée et conciliante, lorsque la péninsule ibérique subit une déferlante de migrants clandestins venant d’un autre pays d’Afrique du Nord. Elle est, effectivement, pour le moins timide et quasi-absente, face aux 10.000 migrants d’un pays maghrébin arrivés sur les côtes espagnoles depuis le début de l’année, dont près de 2500 au cours du seul mois de septembre».
«L’Espagne, d’habitude hypersensible aux flux migratoires incontrôlés, paraît anormalement silencieuse –un silence sinon complice, du moins complaisant», s’étonne notre source. Et d’ajouter: «cela suscite des interrogations légitimes de tout observateur objectif», avant de s’écrier: «personne n’est dupe!».
Notre source conclut: «il est temps que l’Espagne opte définitivement pour une politique de clarté vis-à-vis de son voisinage. Le partenariat s’accommode mal des doubles standards de l’Espagne. Il s’agit là d’une condition sine qua non pour une relation sereine, résiliente et capable d’affronter les défis. Le double jeu et la politique du “deux poids deux mesures“ ne peuvent qu’altérer la confiance et nourrir un doute légitime chez le voisin marocain».