Interpol à Marrakech: le président Ahmed Naser Al-Raisi présente les enjeux de la 93ᵉ Assemblée générale

مراكش تحتضن أشغال الدورة الـ93 للجمعية العامة للإنتربول

De g à d: Mohamed Dkhissi, vice-président d’Interpol pour l’Afrique, le général-major Ahmed Naser Al-Raisi, président d’Interpol et Boubker Sabik, le porte-parole de la Direction générale de la sûreté nationale. (A.Gadrouz/Le360)

Le 21/11/2025 à 20h47

VidéoMarrakech s’apprête à accueillir, du 24 au 27 novembre, la 93ème Assemblée générale d’Interpol, un rendez-vous où seront débattus les grands défis sécuritaires du moment. Un choix qui consacre le Maroc comme partenaire clé de la lutte contre le crime transnational, affirme le président de l’Organisation internationale de police criminelle, le général-major Ahmed Naser Al-Raisi.

Tout commence par un choix. Celui d’Interpol de tenir sa 93ème Assemblée générale à Marrakech, du 24 au 27 novembre 2025. Il s’agit de l’organe directeur suprême de l’organisation, constitué des délégués désignés par les gouvernements des pays membres et qui se réunit une fois par an afin de prendre les décisions les plus importantes liées à la politique générale, aux ressources nécessaires à la coopération internationale, aux méthodes de travail et aux finances. Ces décisions prennent la forme de résolutions.

Cette 93ème session portera sur plusieurs axes majeurs. Elle permettra d’approuver le programme d’activités, le cadre stratégique et le budget de l’organisation. Elle abordera aussi des dossiers prioritaires comme l’identification et le démantèlement du crime organisé transnational, la neutralisation des centres d’escroqueries à l’échelle internationale et l’élargissement des capacités policières mondiales d’Interpol, comme précisé par Mohamed Dkhissi, vice-président d’Interpol pour l’Afrique.

Ce choix n’est pas protocolaire. C’est la reconnaissance d’un pays qui a bâti une architecture sécuritaire solide, modernisée, performante et surtout crédible auprès de ses partenaires. À Marrakech, ce vendredi 21 novembre, le président de l’Organisation internationale de police criminelle (OIPC-INTERPOL), le général-major Ahmed Naser Al-Raisi, l’a affirmé sans détour.

«Le Maroc est un pays doté d’une position géographique stratégique, reliant l’Afrique, l’Europe et le monde arabe. Ces ponts essentiels représentent pour nous un grand espoir pour soutenir la sécurité, non seulement dans la région, mais aussi au niveau mondial. Le Maroc nous a habitués à accueillir de grands événements, des événements réussis, et celui-ci compte parmi les plus importants, puisque 196 pays membres y participent pour renforcer l’action sécuritaire et la coopération internationale», a-t-il indiqué.

Les relations du Maroc avec Interpol sont solides et remontent à plus de sept décennies, marquées par une large coopération. «Aujourd’hui, la présence du vice-président pour l’Afrique, Mohamed Khissi, constitue un apport très important pour l’organisation, que ce soit pour soutenir le continent africain, les pays qui en font partie, ou encore pour renforcer le rôle de l’organisation au niveau mondial», a-t-il précisé.

«Au cours des quatre dernières années, nous avons organisé plus de 12.000 sessions de formation, dont ont bénéficié près de 73.000 officiers. Nous avons aussi l’Académie mondiale d’Interpol, dont les pays membres profitent largement pour développer leurs compétences. La présence du Maroc constitue donc un soutien central à la formation, en particulier pour les pays africains et arabes, dans le domaine de la cybersécurité, de la lutte contre le terrorisme et d’autres spécialités», a relevé le général-major Ahmed Naser Al-Raisi.

Et c’est précisément dans ce domaine que le rôle du Maroc prend tout son sens, comme l’a rappelé le président d’Interpol en adressant un message de reconnaissance au Royaume. «Nous exprimons nos remerciements et notre gratitude à Sa Majesté le Roi pour avoir accueilli l’ensemble des pays membres sur le sol marocain. Nous apprécions sincèrement ce soutien constant du Maroc envers Interpol, d’autant plus que le pays compte de nombreuses compétences de haut niveau», a-t-il déclaré.

Le général-major Ahmed Naser Al-Raisi a également rendu hommage à Abdellatif Hammouchi, directeur du pôle DGSN-DGST, «une personnalité éminente parmi les responsables de la sécurité dans le monde, avec qui nous avons toujours entretenu une coopération de haut niveau».

Le Maroc, acteur de terrain, formateur et relais stratégique

Rabat est devenue, au fil du temps, un pivot opérationnel. Un pays qui relie les services de plusieurs continents, un pays qui fait circuler l’information, un pays qui agit et qui livre des résultats. La conférence de presse du général-major Ahmed Naser Al-Raisi, organisée sur le site des Jardins de la Menara, en est la démonstration. Pendant plus d’une heure et demi, le Maroc est revenu dans chacune de ses réponses. Tantôt comme acteur du terrain, tantôt comme partenaire formateur, tantôt comme relais entre régions, tantôt comme moteur d’une coopération que beaucoup jugent aujourd’hui indispensable.

Le président d’Interpol a présenté le Maroc comme l’un des rares pays à conjuguer position stratégique, stabilité politique, services modernisés et capacité à fédérer. Il a aussi insisté sur le rôle de passerelle que joue le pays. Entre l’Europe et l’Afrique, le Maroc recueille, analyse, vérifie, transmet. Entre le monde arabe et l’Occident, il coordonne, informe et coopère. Entre organisations internationales et services locaux, il forme, accueille et participe.

Dès l’ouverture, le message a été donc clair. Le Maroc est devenu l’un des points fixes d’un système mondial en perpétuel mouvement. Le président d’Interpol a d’ailleurs rappelé que le Royaume avait déjà accueilli un grand rassemblement sécuritaire mondial en 2007.

Dix-huit ans plus tard, l’organisation revient, mais dans un contexte très différent. «Le fait d’avoir accueilli en 2007 les dirigeants mondiaux de la sécurité montre clairement que la communauté internationale reconnaît pleinement la contribution du Maroc à la sécurité mondiale, sa présence constante dans les instances sécuritaires et son rôle actif dans le renforcement de notre système», a-t-il indiqué.

«Aujourd’hui, la criminalité transnationale peut être commise sur un continent et apparaître sur un autre. Notre présence au Maroc est une preuve concrète de sa position géographique reliant l’Afrique, le monde arabe et l’Europe. Le Maroc a ainsi construit un pont solide pour assurer la communication entre ces régions, tout en représentant un modèle avancé en matière de sécurité. Je tiens à exprimer toute mon appréciation pour cette coopération», a-t-il poursuivi.

Entre-temps, le Maroc a renforcé la montée en puissance de ses institutions sécuritaires, s’est doté de structures de formation avancées, a multiplié les coopérations et a posé sa signature dans plusieurs grandes opérations policières internationales, a-t-il affirmé.

Le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ), présenté comme l’un des services antiterroristes les plus efficaces du continent, s’est imposé comme un interlocuteur fiable pour les services africains et européens. Le Royaume a également investi dans la lutte contre la cybercriminalité avant que cette menace devienne mondiale. Ces évolutions expliquent pourquoi, pour Interpol, le choix de Marrakech n’est pas symbolique, mais stratégique, note le général-major Ahmed Naser Al-Raisi.

Dans ce contexte, la traque des criminels devient de plus en plus complexe. Un individu recherché peut disparaître d’un pays à l’autre en quelques heures, rendant la surveillance et la prise de décision particulièrement délicates. D’où l’importance de diffuser rapidement les notices permettant d’identifier la personne recherchée et de vérifier, avec rigueur, que l’identité correspond bien au signalement.

Une fois cette étape franchie, les pays coordonnent leurs actions pour procéder à l’arrestation et garantir la sécurité de leurs citoyens. Il a souligné que le Maroc s’emploie scrupuleusement à appliquer les règles et les lois auxquelles il a souscrit. Aucun pays, a-t-il dit, ne peut assurer sa sécurité seul. La coopération est indispensable et le Royaume en a fait un principe.

À cet effet, le porte-parole de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), Boubker Sabik, a rappelé que les autorités marocaines ont mené un travail d’analyse approfondi de leur système social et juridique afin de renforcer leur dispositif d’exécution des notices d’Interpol. Elles appliquent notamment l’article 729 du Code de procédure pénale, qui autorise l’arrestation de toute personne faisant l’objet d’une recherche internationale. Cette rigueur a permis, durant la période mentionnée, l’interpellation de plus de 70 individus recherchés à l’échelle mondiale, représentant 25 nationalités et provenant des 5 continents.

Une Assemblée générale d’une grande importance pour Interpol

Le président a longuement expliqué pourquoi cette Assemblée générale est importante pour Interpol. Il a décrit une organisation en pleine mutation, en quête d’ouverture, de modernisation et d’efficacité. Cette édition marque selon lui un moment clé dans la modernisation de l’organisation.

En revenant sur la mutation d’Interpol, le président Al-Raisi a reconnu que les progrès réalisés au cours des quatre dernières années n’auraient pas été possibles sans l’engagement des États membres, dont le Maroc. Il a cité notamment la montée en qualité du personnel, la diversification des profils et l’intégration de nouvelles expertises technologiques.

Il a soulevé que son équipe a mené un travail de terrain considérable, avec plus de 300 visites officielles, permettant de renforcer la relation directe avec les gouvernements, les ministères de l’Intérieur et les directions de police. Selon lui, cette proximité permet de mieux comprendre les défis des États, d’adapter les programmes de formation, d’élargir les opérations conjointes et d’améliorer la circulation des informations.

Le président a souligné que cette méthode a porté ses fruits. Davantage de pays participent aux opérations. De plus, les échanges de données ont augmenté, les bases de données d’Interpol sont mieux alimentées et le niveau de confiance a progressé.

Il a ajouté que «les rapports annuels remis à chaque pays ont joué un rôle essentiel», permettant aux États de mesurer leur engagement, de corriger leurs faiblesses et de renforcer leur présence dans les mécanismes de coopération.

«Cela a renforcé la coopération, amélioré la formation, soutenu le suivi des dossiers et développé la communication avec les bureaux centraux nationaux. Je souhaite que le nombre de pays participant à l’organisation continue d’augmenter, afin que celle-ci devienne un véritable pont facilitant la coopération entre les États», a-t-il indiqué.

Cette dynamique s’inscrit parfaitement dans les choix opérés par le Maroc ces dernières années, qui a misé sur la digitalisation des services, le traitement intelligent des données, la coordination internationale et les formations de pointe.

Le Maroc au cœur opérations les plus sensibles

Parmi les opérations marquantes citées, l’opération Neptune VI occupe une place particulière. La participation du Maroc y a été déterminante. Résultat: «plus de 135 suspects ont été arrêtés, 325 criminels recherchés ont été identifiés. Fait encore plus significatif, le navire qui avait transporté les tonnes de nitrate d’ammonium utilisées dans l’explosion du port de Beyrouth en 2020, l’un des trois plus grands explosions au monde, a été localisé. Je tiens à rappeler que cette catastrophe avait fait plus de 6.000 blessés et plus de 200 morts. Cet accomplissement est immense, et le Maroc était à la tête des pays qui y ont participé, aux côtés de l’Europe, de l’Afrique et du monde arabe».

L’une des annonces majeures concerne la création d’un centre mondial de formation à Ifrane. On n’en saura pas davantage, mais il sera inauguré après l’Assemblée générale d’Interpol et pourra accueillir des policiers de plusieurs pays.

Le président a, par ailleurs, évoqué la montée de la cybercriminalité. Il a cité des opérations ayant permis de démanteler des réseaux internationaux et de fermer des milliers de comptes bancaires frauduleux. C’est pourquoi Interpol mise désormais sur des plateformes modernisées, un échange plus rapide des données et des équipes spécialisées dans l’analyse numérique. Le Maroc, qui a investi depuis longtemps dans ce domaine, est présenté comme un partenaire particulièrement avancé.

Le général-major Ahmed Naser Al-Raisi, qui a saisi l’occasion pour féliciter le Maroc pour l’organisation de la Coupe d’Afrique 2025 et du Mondial de football 2030, a fait part de la confiance d’Interpol en la capacité du Royaume à accueillir avec succès de telles manifestations sportives internationales.

Cette 93ème édition de l’Assemblée générale d’Interpol scelle ainsi le statut du Maroc, celui d’un pays capable de fédérer, d’organiser et de proposer. Interpol ne s’y réunit pas par hasard, mais par reconnaissance d’une trajectoire sécuritaire cohérente et maîtrisée. Rendez-vous pris ce lundi 24 novembre pour l’ouverture de cette grand-messe sécuritaire.

Par Hajar Kharroubi et Adil Gadrouz
Le 21/11/2025 à 20h47