Jusqu’ici, l’Association marocaine des droits humains (AMDH) a dénoncé et renseigné, même en exagérant volontiers, sur ce qui restait encore à parachever pour cette démocratie en construction qu’est le Maroc. Mais de là à totalement mentir, en sortant des faits inventés et des chiffres qui n’existent que dans la tête de leurs auteurs, il y a un pas qui a été franchi et qui va concourir à jeter la suspicion sur l’objectivité de cet organisme. Et le relais des aberrations de l’AMDH n’est autre que la prestigieuse Reuters, l’une des agences d’information les plus respectables au monde. Si ce n’est pas la plus vénérable de toutes. Et bien, même Reuters a marché.
Citant un rapport couvrant la situation des droits de l’homme au Maroc de janvier 2017 et juin 2018, l’agence londonienne, disposant d’un bureau à Rabat, relate une situation pour le moins ubuesque et n’hésite pas à comparer le Maroc d’aujourd’hui à celui des années de plomb. Prenant comme base les événements d’Al Hoceima, l’agence, reprenant sa source (l’AMDH), parle de pas moins de 1.020 personnes qui seraient emprisonnées ou jugées pour avoir pris part ou soutenu des manifestations qui ont eu lieu au Rif. "Le nombre de détenus politiques dépasse celui rapporté dans les années 1990", a déclaré Ahmed El Haij, président de l’AMDH, lors d'une conférence de presse, écrit l’agence.
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Ce que l’agence ne sait pas, fait au demeurant vérifiable sur un simple clic, c’est que le nombre de la totalité des personnes arrêtées dans le cadre de ces événements est de 400. Elles sont condamnées à des peines de 1 an avec sursis à 20 ans. Également disponible: le nombre de 188 personnes graciées par le roi parmi ces 400 personnes à l’occasion de la dernière fête de l’Aïd Al Adha.
Ce que l’agence a également omis de vérifier, c’est que toutes les personnes arrêtées dans le cadre de ces évènements sont dans leur écrasante majorité accusées de délits et crimes relevant du droit commun. Elles sont accusées et condamnées pour violence, atteinte à un corps constitué et à la sécurité publique, pour destruction de biens publics et pour des actes de vandalisme et des agressions. Ces personnes avaient entre autres délits mis le feu à une résidence de la police à Imzouren. Ce qui a contraint les policiers à sauter du toit, sous peine d’être brûlés vifs. En sautant du toit, nombre d’entre eux ont souffert d’une double fracture au tibia et au péroné. En aucun cas, ces casseurs n’ont été arrêtés pour des délits d’opinion.
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Autre réalité, probablement méconnue de l’agence, l’AMDH, quand bien même sa posture pourrait se comprendre, n’est rien d’autre que le relais d’un parti politique marocain, Annahj Addimocrati (La Voie Démocratique), une formation d’extrême gauche aussi radicale que marginale, avec zéro siège au parlement, notamment. Cette formation justifie au demeurant, et souvent, le recours à la violence.
Quand on a le prestige de porter l’étiquette de Reuters, on se doit de ne pas prendre pour argent comptant les assertions d’un organisme qui fait de l’exagération un moyen de lutte pour atteindre ses objectifs.