«Les Nations unies et le plan de paix au Sahara occidental», tel est le thème d’une visioconférence que l’Algérie a initiée, lundi dernier. Une trouvaille qu’elle a attribuée à une association bidon, dite Ligue pour la protection des prisonniers sahraouis dans les prisons marocaines. Les prisonniers sahraouis dont il est question ici sont en fait des Marocains jugés et condamnés pour des crimes d’assassinat dans l’affaire de Gdim Izik.
L’invité, non moins bidon, de cette conférence, n’est autre que l’un des dirigeants du Polisario, Sidi Omar, affublé du grandiloquent titre de représentant du Polisario à l’ONU.
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Pour ceux qui ne le connaissent pas, Sidi Omar est en réalité un simple coursier de l’ambassade d’Algérie auprès de l’ONU, qui lui a remis un badge afin de lui donner des airs de diplomate. Grâce à ce sésame, il passe tout son temps à prendre des photos dans les couloirs de l’ONU avec les diplomates de certains pays, parfois à leur insu. Souvent, et au détour d’un photomontage le montrant devant un micro estampillé «UN», avec en arrière-plan le logo du Conseil de sécurité, l’Agence de presse officielle algérienne y trouve matière pour lui donner de l’envergure, alimentant de la sorte sa propagande permanente contre le Maroc.
D’ailleurs, la «RASD» n’étant pas reconnue par l’ONU, il n’y a pas la moindre trace de Sidi Omar sur la liste officielle du service du protocole des Nations unies qui comprend actuellement 188 représentants permanents, 5 chargés d’affaires ad interim et trois observateurs permanents (Palestine, Vatican et Ordre de Malte). Son omniprésence au sein l’ONU n’est en fait qu’un leurre, surdimensionné par les diplomates et les médias algériens, à l’instar des rares figurations à l’international de Brahim Ghali lui-même, qui joue plus ou moins bien son rôle de véritable marionnette du régime algérien et qui ne peut mettre les pieds hors de l’Afrique, à l'exception de quelques dictatures comme le Venezuela, sous peine d’être arrêté. Le leader du Polisario fait en effet l’objet d'un mandat d’arrêt, pour torture et viol, émis en 2016 par l'Audience nationale, la plus haute juridiction en Espagne bénéficiant d'une compétence universelle qui lui permet de poursuivre hors de son territoire des personnes impliquées dans des crimes de guerre.
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C’est donc à partir de ce non-événement, à savoir une visioconférence montée de toute pièce, que l’Algérie tente de donner de la voix. Pourtant, pas plus loin que la semaine dernière, Sidi Omar, affirmait que les carottes étaient désormais cuites pour le Polisario au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU. Son intervention virtuelle devant une ligue qui se dit chargée des prisonniers sonne comme un «recadrage» de la part de ses employeurs algériens. Il revient donc aujourd’hui pour exiger la nomination d’un envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU au Sahara, dont la seule mission sera, selon lui, d’organiser un «référendum d’autodétermination».
Une façon pour l’Algérie et le Polisario de demander, à nouveau, une chose et son contraire. En effet, du moment que l’ONU a déjà définitivement écarté l’option du référendum, pour avoir expérimenté sur le terrain l’impossibilité et le non-fondé de son organisation, comment peut-elle nommer un émissaire qui y reviendrait à nouveau?
Contrairement donc à la déclaration de Sidi Omar qui accuse «les Nations unies et le Conseil de sécurité» d’être «responsables du blocage du processus de paix», c’est bien l’Algérie et le Polisario qui y font obstruction en s’en tenant à des notions éculées de référendum et d’indépendance.
Après l’ONU, son Conseil de sécurité et certains de ses membres permanents, accusés de soutenir le Maroc, s’ensuit une attaque en règle, toujours lors de cette visioconférence, contre les pays qui ont décidé d’ouvrir, en toute souveraineté, comme l’a reconnu le Conseil de sécurité en avril dernier, une dizaine de consulats dans les grandes villes du Sahara marocain. Après «ces entités étrangères», comme les qualifie l’APS, c’est au tour de l’Union européenne d’être prise à partie pour avoir signé des accords économiques, agricoles et de pêche surtout, en total respect de l’intégrité territoriale du Maroc. C’est à croire que l’Algérie et le Polisario voient des ennemis partout.
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En tout cas, «le rétablissement de la confiance» perdue entre les Nations unies et le Polisario sera difficile, tant que ce dernier ne se départira pas du diktat algérien qui l’incite constamment à refuser toute solution qui mettrait fin au conflit factice créé autour du Sahara marocain et qui n’a que trop duré.
Une chose est sûre. Dans les circonstances sanitaires actuelles nées de la pandémie mondiale de coronavirus, la nomination d’un envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU au Sahara ne devrait pas être pour demain. Le fait que l’Algérie lui fixe d’avance une mission impossible amplifie davantage cette incertitude.
In fine, et à travers cette visioconférence bidon, l’Algérie voulait en fait passer un message aux habitants des camps sahraouis de Lahmada, au bord de l’implosion sous les effets conjugués du confinement, de la faim et de la soif, ajoutés à la corruption et aux mensonges de leurs dirigeants.
En effet pour leur faire croire qu’elle peut toujours leur servir un Etat chimérique sur un plateau, l’Algérie multiplie ces derniers jours les gestes de propagande en direction des «réfugiés»: des aides alimentaires sont ainsi envoyées en grande pompe chez Brahim Ghali, un hôpital de campagne construit près des camps de Lahmada, des manœuvres militaires à munitions réelles sont supervisées par le chef d’état-major algérien en face du mur marocain de défense… Toute cette partition composée par Alger, et interprétée par les ténors sans voix du Polisario, ne s’entend guère au-delà des frontières de l’Algérie.