L’agence de presse officielle algérienne (APS) a rapporté que «le Croissant rouge algérien (CRA) a fait don de 4.000 masques au profit des détenus (algériens, ndlr) dans les établissements pénitentiaires, et ce, dans le cadre de ses efforts en appui aux capacités des autorités publiques pour la lutte contre la propagation du Covid-19, a annoncé, lundi 15 juin, la présidente de l’organisation, Mme Saida Benhabiles».
Même si ce lot de masques semble si dérisoire pour en faire un gros titre de l’APS, d’aucuns auraient pensé qu’il s’inscrit dans une tentative d’aider, un tant soit peu, à combler les énormes failles pointées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans la gestion de la pandémie de coronavirus par le régime algérien. En effet, dans un rapport publié la semaine dernière, l’OMS a fait le constat d’une accélération inquiétante des contaminations au Covid-19 dans trois pays africains, dont l’Algérie. Avec plus de 750 décès sur un millier au Maghreb et plus de 11.000 cas déclarés sur un peu plus de 20.000 dans la même région, l’Algérie est très mal en point par rapport à ses voisins.
Si l’on ajoute à cela la petite capacité de dépistage du pays qui ne dépasse pas 500 tests PCR par jour, on prend la mesure de l’ampleur de la crise sanitaire en Algérie. Les dépistages ne permettant pas de mesurer le nombre de contaminations.
D’ailleurs, certains médias français n’ont pas manqué de lancer une pique au régime algérien, en sous-entendant que les failles dans la gestion de la crise sanitaire épinglées par l’OMS relèveraient en réalité d’un laxisme volontaire qui s’explique par la crainte de voir le Hirak reprendre du service dès le premier vendredi qui suiva la levée du confinement.
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Mais là où l’APS voulait en venir avec cette «information» liée à petit lot de masques (une denrée qui soit dit en passant est très rare en Algérie) distribués dans les pénitenciers algériens, c’est de trouver une occasion, même peu à propos, pour distiller une provocation à l’adresse du Maroc.
Ainsi, «dans une deuxième étape, le CRA a fait don de 4.000 masques à son homologue sahraoui, en réponse à l’appel du Comité national sahraoui des droits de l’Homme concernant la situation déplorable des détenus politiques sahraouis dans les prisons marocaines, notamment dans le contexte de la propagation du Coronavirus», écrit l’agence officielle algérienne.
Pour rappel, ce n’est pas la première fois que Saida Benhabilès est utilisée par le régime algérien pour lui servir de porte-voix. En juin 2018 à Oran, et en pleine chasse aux Subsahariens dans les rues des villes algériennes et suite aux propos xénophobes des plus hautes autorités algériennes, Saida Benhabilès a ouvertement soutenu ce racisme d’Etat adopté par son pays. Interpelée par les médias, car censée s’occuper d’une mission hautement humanitaire, elle a déclaré, à la surprise générale, que le dossier des Subsahariens était un «non-événement».
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L’objectif de cette manœuvre, stupide il faut le reconnaître, du régime algérien, c’est d’affirmer qu’il a délivré son lot de 4.000 masques pour les envoyer vers le Maroc, un pays qui en produit plus de 7 millions d’unités par jour, en exporte vers plusieurs pays (y compris en Algérie) et vient d’en fournir gratuitement 8 millions lots à une quinzaine de pays africains.
A court d’arguments dans le dossier du Sahara, le régime algérien qui fait face à la plus grave crise économique depuis son indépendance ne sait plus reconnaître le ridicule de ses démarches. Il veut maintenant convoyer des masques aux prisonniers sahraouis dans les prisons marocaines, en oubliant presque qu’il donne la preuve de son ingérence dans les affaires intérieures marocaines.
Signe de la stupidité de cette démarche, même l’APS a choisi de noyer ce don dans le corps de la dépêche, préférant titrer uniquement sur les masques à destination des détenus algériens. Si l’APS commence à être embarrassée par la sottise de l’Etat auquel elle sert de porte-voix, c’est que les décideurs du régime algérien sont à bout de souffle.