Après la bataille du secrétariat général qui s’est soldée par l’éviction de Abdelilah Benkirane de la tête du PJD, celle des instances régionales, provinciales et locales du parti ne fait que commencer entre les deux clans ennemis du parti islamiste: le clan gouvernemental et celui soutenant Benkirane. Les quotidiens Al Ahdath Al Maghribia et Al Akhbar de ce vendredi 23 février relatent ce nouvel épisode du déchirement fratricide qui secoue actuellement le parti de la lampe.
De quoi s’agit-il au juste? Après l’étape de l’élection d’un nouveau secrétaire général, en la personne du chef du gouvernement actuel, Saâd-Eddine El Othmani, le PJD devait passer ce samedi 24 février à une autre étape organisationnelle, celle de l’élection des chefs de bureau du parti à travers les régions, provinces et communes du pays.
Or, le règlement interne interdisant aux futurs responsables du parti au sein de ces bureaux régionaux de les cumuler avec des postes de présidents de conseils régionaux, provinciaux ou communaux, Al Ahdath rapporte que Lahbib Choubani, président de la Région Draâ-Tafilalet et ancien ministre de Benkirane qui a rejoint depuis El Othmani, a présenté le week-end dernier, un recours contre cette interdiction.
Al Akhbar explique, pour sa part, que ce recours est en réalité initié par le clan des ministres en vue de retarder de quelques semaines les congrès régionaux du PJD, le temps d’affaiblir davantage les amis de Benkirane dont ils craignent qu’ils ne raflent la présidence des instances régionales, alors qu’ils sont déjà omnipotents au sein du “parlement” du PJD.
Il va donc falloir attendre que la Commission nationale d’arbitrage, saisie par Lahbib Choubani, membre du Conseil national, se prononce sur cette affaire afin que les congrès régionaux se voient fixer une nouvelle date pour élire leur bureau.
Pour rappel, une tentative de supprimer cette interdiction des cumuls de responsabilités a déjà échoué, car la commission des règlements et des procédures du PJD, celle-là même qui a ouvert la voie à un éventuel 3e mandat pour Benkirane, s’y est fermement opposée à travers un vote. Or, écrit Al Akhbar, c’est cette démonstration de force du clan Benkirane au sein des structures nationales du PJD que les proches d’El Othmani ne veulent pas voir rééditée au sein des structures régionales et locales du parti. Chacun fourbit donc ses armes à la veille de ce nouvel épisode de la guerre des clans qui bat toujours son plein au sein du PJD.