Trois responsables algériens ont confirmé ce mardi 26 octobre 2021 à l’agence de presse britannique, Reuters, ce qu’avait déjà annoncé le président Tebboune lors d’une interview diffusée à la télévision publique algérienne le 10 octobre: le gaz algérien ne transitera plus par le Maroc en direction de la péninsule ibérique. C’est ce qu’ont confirmé à Reuters une source à Sonatrach, ainsi que deux autres sources algériennes gouvernementales.
La sortie médiatique des responsables algériens intervient à 5 jours de l’arrivée à échéance du contrat du Gazoduc Maghreb-Europe (prévue le 31 octobre), alors que les pourparlers se poursuivent entre responsables marocains et espagnols sur le sort de ce pipeline qui fait figure de symbole de coopération régionale, en cas de non reconduction du contrat tripartite signé en 1996, associant le Maroc, l’Espagne et l’Algérie.
A en croire Reuters, l’Algérie aurait déjà tranché en faveur du scénario selon lequel l'Espagne sera approvisionnée directement via le gazoduc sous-marin Medgaz, d'une capacité annuelle de 8 milliards de m3 (contre 13,5 milliards de m3 pour le GME transitant par le Maroc).
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Une source au sein de l’entreprise publique Sonatrach et deux sources gouvernementales algériennes ont déclaré que «l'accord d'approvisionnement avec le Maroc ne serait pas renouvelé».
Les analystes, poursuit Reuters, estiment que les problèmes techniques liés au projet d’extension de la capacité du gazoduc Medgaz pourraient aggraver la crise énergétique en Espagne à un moment où les factures de gaz montent en flèche à travers l'Europe.
Citant une quatrième source, un haut responsable du gouvernement algérien, Reuters ajoute qu’en cas de perturbation de Medgaz, l’Algérie utiliserait des navires pour transporter du gaz naturel liquéfié (GNL) vers l'Espagne.
«Les analystes disent que cela signifierait que Sonatrach devrait affréter plus de navires, alimentant de nouvelles hausses des prix du GNL en raison des tarifs d'expédition ayant plus que doublé par rapport au début du mois», écrit l’agence.
L’Espagne est de plus en plus préoccupée par la sécurisation de son approvisionnement en gaz et sait bien qu’elle ne pourra pas compter uniquement sur Medgaz. Ce dernier n’est pas en mesure d’acheminer les quantités contractuelles convenues avec l’Algérie, sans parler du risque d’interruption des livraisons, en cas d’avarie du pipeline.
La solution des méthaniers, claironnée par le président Abdelmadjid Tebboune, n’est pas réaliste, l’Algérie ne disposant que d’une petite flotte composée de quatre bateaux en mesure de transporter du gaz liquéfié.
Le voisin ibérique n’est toutefois pas dépendant du gaz algérien et a su diversifier, ces dernières années, ses sources d’approvisionnement, en misant sur le gaz liquéfié en provenance des Etats-Unis et du Qatar.