Selon l’agence de presse algérienne, APS, un convoi de 33 camions transportant quelque 730 tonnes de denrées alimentaires a quitté Alger hier, mercredi 1er décembre, à destination des camps du Polisario, près de Tindouf. Et de préciser que «cette caravane est organisée par le Croissant rouge algérien (CRA), en coordination avec le Croissant rouge sahraoui (CRS) qui a présenté la liste des produits alimentaires de base dont a besoin la population des camps des réfugiés sahraouis».
A titre de comparaison, le Croissant rouge algérien a organisé le 20 décembre 2020 une caravane de solidarité vers la localité algérienne de Tin Zaouatine, commune de la région de Tamanrasset, dont les 15.000 habitants, soit quasiment le même nombre que les Sahraouis des camps, n’ont eu droit qu’à 60 tonnes seulement de «dons».
Auparavant, le 10 décembre 2020, une caravane du CRA composée de seulement 12 camions a distribué des désinfectants, produits alimentaires et autres fournitures scolaires dans des «zones d’ombres» réparties dans 48 wilayas en Algérie.
Des miettes par rapport aux «dons» offerts au Polisario, à la même période, quand le 16 novembre 2020, soit 3 jours seulement après l’intervention de l’armée marocaine à El Guerguerat, la patronne du CRA avait convoyé 60 tonnes d’«aides alimentaires et pharmaceutiques» à bord de deux avions gros porteurs de l’armée algérienne.
Ce 2 décembre 2021, ce sont 730 tonnes, un record pour le CRA, qui sont envoyées aux camps de Lahmada.
Pour justifier tous ces écarts, qui pénalisent le peuple algérien dont la majorité n’arrive plus à se nourrir de viande et de lait, Saïda Benhabyles a affirmé, mercredi dernier, que le Croissant rouge algérien consacre à travers cette caravane destinée aux Sahraouis «les valeurs de solidarité du peuple algérien et ses principes humanitaires intrinsèques». La très «humanitaire» Benhabyles n’a pas hésité à politiser cet impair, quitte à choquer l’opinion algérienne, en affirmant que cette opération a été possible grâce aux «dons des citoyens algériens solidaires avec le peuple sahraoui qui revendique toujours son droit à l'autodétermination et à l'indépendance». (!!!)
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Quand on sait que les citoyens algériens seront bientôt sevrés du lait et tous ses produits dérivés, le gouvernement ayant interdit l’importation du lait en poudre pour affamer le peuple et permettre à la junte d’acheter des armes, il est très peu probable qu’ils fassent des dons au Polisario alors que la malnutrition est une réalité choquante dans un pays soi-disant pétrolier.
D’ailleurs, celle qui affirmait en juillet dernier sur le plateau de la TV Ennahar que «le CRA n'est affilié à aucune idéologie, le CRA est un organisme humanitaire et il est là pour servir le peuple algérien et l'Etat», réagissait alors aux vives critiques dont elle a été la cible de la part de l’opinion publique algérienne sur les réseaux sociaux pour l’absence totale de l’institution qu’elle dirige lors des crises sanitaires et autres pénuries alimentaires qui sont le triste quotidien des Algériens.
Dans le quotidien Liberté du 20 septembre dernier, on apprend que Saïda Benhabyles a même été boycottée lors d’une visite à Tizi Ouzou par les membres du comité local du CRA. «Elle ne s’est pas manifestée lorsque les citoyens mouraient par manque d’oxygène ou encore sous les flammes et que la population criait à l’aide. Aujourd’hui, c’est trop tard, explique un membre du comité de wilaya du CRA, qui s’interroge également sur le devenir des aides humanitaires provenant de l’étranger», écrit ce journal.
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A voir cette grosse aide livrée au Polisario, en leur nom et à leur insu, que penseront alors les millions d’Algériens qui peinent à s’acheter un kilo de pommes de terre, sous l’effet conjugué de la dégradation drastique du pouvoir d’achat, du renchérissement en flèche des produits de base et de la menace de levée des subventions étatiques sur les denrées de première nécessité?
Or le secret de telles largesses réside dans le fait que le CRA et son appendice sahraoui sont utilisés par le régime algérien et les dirigeants du Polisario pour fructifier leur lucratif business tiré du détournement des aides humanitaires.
Un détournement déjà mis à nu en 2015 par un rapport détaillé de l’Office européen de lutte anti-fraude (OLAF). Même dans son dernier rapport au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a mentionné que le Haut-commissariat aux droits de l’Homme a reçu des informations d’ONG attestant que le Polisario détourne toujours les aides humanitaires et financières destinées aux camps sahraouis.
C’est cette cleptomanie qui a poussé l’Union européenne à ne plus accorder d’aides directes à l’Algérie et au Polisario, mais à les confier au Programme alimentaire mondial et au Haut-commissariat aux réfugiés relevant de l’ONU, pour s’assurer que le gros de ces aides va parvenir à ses destinataires réels.
Mieux encore, de nombreuses voix s’élèvent régulièrement au sein du Parlement européen pour exiger que l’aide européenne soit conditionnée à l’acceptation d’un recensement des populations des camps sahraouis, ce que refuse bien évidemment le régime algérien.
L’annonce du convoi de ces 33 camions intervient à un moment où l’escalade de la junte au pouvoir en Algérie a atteint une échelle de rage, jamais égalée auparavant, mais aux pires moments hystériques du boumédiénisme. Elle fait également suite à la menace directe de la présidence algérienne qui a publié, le 3 novembre 2021, un communiqué, qui fait suite au bombardement de deux camions algériens à proximité de Bir Lahlou, où elle affirme que cet «assassinat lâche», attribué au Maroc, «ne restera pas impuni».
Au final, la junte a choisi de mener d’abord par son proxy polisarien sa guerre contre le Maroc. Car il semble clair qu’avec 33 camions et 730 tonnes, la cargaison destinée au Polisario transporte autre chose que des produits alimentaires. Les armes et les vivres sont en fait les deux facettes d’un même ingrédient, avec lequel l’armée algérienne et les milices du Polisario continuent à maintenir sur place les populations de Lahmada.