Flash back. Le 26 septembre 2016, un Conseil des ministres tenu au palais royal de Tanger a adopté le «projet de loi organique fixant les étapes de mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, ainsi que les modalités de son intégration dans l’enseignement et dans les différents secteurs prioritaires de la vie publique.» Lors de la législature précédente, qui s’est terminée en octobre 2016, ce projet a finalement traîné et n’a pas été débattu à temps par les députés sortants afin d’être voté.
Le débat sur ce projet de loi 26-16 a donc été légué au nouveau Parlement, qui n’a cessé à son tour de reporter sa discussion, semaine après semaine, comme le rapporte Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce mercredi 20 décembre. Pour mettre fin à ce retard, le quotidien ajoute que la Commission de l’enseignement, de la culture et de la communication de la Chambre des députés a programmé un débat général sur ce projet loi sur l’amazigh dès le début de la semaine prochaine.
Mais le chemin qui mène au vote de cette loi ne semble pas être un fleuve tranquille. Certes, le président de la Chambre des députés, Habib El Malki, a appelé ses pairs, lors d’une journée d’étude consacrée par son institution à ce projet de loi, à voter rapidement ce texte qui reflète, selon lui, «l’esprit de la Constitution, elle-même esprit de la Nation».Or, certains intellectuels et militants amazighs ne sont pas satisfaits du contenu du texte qu’ils trouvent très limité… à la seule communication. C’est pourquoi ils ont adressé une lettre ouverte au chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, pour l’informer que, dans sa mouture actuelle, le projet de loi sur l’officialisation de la langue amazigh ne «respecte pas la volonté populaire et la démocratie participative, mais renforce la discrimination et porte atteinte aux acquis», selon les propos rapportés par Al Ahdath.
Pour sa part, le Réseau amazigh pour la citoyenneté a produit un livret de 35 pages et un mémorandum de 6 pages, dans lesquels il présente un projet de loi alternatif sur l’officialisation de la langue amazighe et l’organisation du Conseil national des langues et de la culture. Ces documents ont été largement diffusés auprès des parlementaires, partis politiques et institutions publiques.
Ces refuzniks semblent avoir eu un écho très favorable auprès de l’opposition parlementaire, puisque le patron du Parti authenticité et modernité (PAM), Ilyas El Omari, a qualifié l’actuel projet de «retour en arrière et de prélude à un hold-up sur l’identité» amazighe.