Le nouveau rapport du secrétaire général de l’ONU sur le Sahara, adressé au Conseil de sécurité en vue de servir de base à sa prochaine résolution, a été rendu public dans la soirée du vendredi 2 octobre à New York.
Quelque deux jours après la sortie de ce rapport onusien, c’est toujours le silence radio le plus total du côté des médias algériens, d’habitude prompts, avant même la sortie de ce document annuel, à anticiper son contenu à travers des supputations sur son orientation, toujours présentée de façon mensongère comme favorable aux thèses séparatistes.
Ainsi, la très bavarde APS, l'agence de presse officielle algérienne, généralement plus encline à s’ingérer dans les affaires du Sahara marocain que de s’occuper des affaires algériennes où il y a matière à servir à son opinion publique, a zappé pour la première fois de son histoire le rapport du secrétaire général de l’ONU sur le Sahara. Pire, l’amertume de l’APS vis-à-vis de ce nouveau rapport onusien transparait clairement dans une dépêche publiée ce dimanche 4 octobre en début d’après-midi et intitulée : «La question sahraouie de retour le mois en cours devant le Conseil de sécurité». Revenant à ses divagations habituelles sur la Minurso, le référendum, le retard dans la nomination d’un nouvel envoyé spécial et tutti quanti, le porte-voix médiatique attitré du régime algérien n’a pas consacré un seul mot au dernier rapport de Guterres.
L’on se souvient, que par le passé, et dès la sortie de ce rapport, les dépêches de l’APS pleuvaient en fil continu, et s’évertuaient l’une après l’autre à trier tendancieusement des extraits de ce rapport onusien, dénaturés à l’envi pour être servis à la sauce propagandiste anti-marocaine.
Même la demi-dizaine de dépêches que l’Agence marocaine de presse a consacrées, pour la seule journée du samedi 3 octobre, au dernier rapport d’Antonio Guterres n’ont pas fait réagir sa consœur algérienne, également prompte à s’attaquer aux écrits de la MAP.
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Pour sa part, un média proche du Polisario s’est limité à publier, tel quel, le rapport onusien dans son intégralité, sans le moindre commentaire, mais avec un titre désabusé : «Le SG de l’ONU recommande la prorogation du mandat de la Minurso jusqu’au 31 octobre 2021». Un coup dur pour l’Algérie et le Polisario qui ont toujours préconisé une prorogation de ce mandat d’un semestre, sinon moins, car plus les réunions du Conseil de sécurité sont rapprochées, plus cela leur donnerait l’occasion de distiller en continu leur propagande.
Comment alors expliquer ce silence extrêmement lourd des médias du tandem Algérie-Polisario, face à un évènement aussi important que la sortie du rapport du secrétaire général de l’ONU sur le Sahara?
La première raison est que ce rapport est accablant envers les violations à répétition des éléments du Polisario. Les séparatistes y sont décrits comme des hors-la-loi, au ban de la communauté internationale. De plus, le chef de l’ONU préconise «la solution politique» comme unique voie pour résoudre le conflit du Sahara, ne citant pas une seule fois l’option référendaire, au demeurant impossible à réaliser.
La deuxième raison serait que l’agence de presse algérienne est toujours tétanisée par les retombées catastrophiques de sa récente fake news, où elle attribue au Bureau de l’ONU à Genève le rejet immédiat et sans ménagement d’une plainte présentée contre l’Etat algérien, accusé de violations des droits de l’homme suite à une série d’arrestations et d’emprisonnements de nombreux journalistes et militants du Hirak. Or, le bureau onusien de Genève a rapidement réagi en affirmant que cette plainte n’a jamais été rejetée, qu’elle est bel et bien recevable, et que l’Etat algérien sera appelé à s’expliquer sur le contenu de cette plainte. Cette réaction vigoureuse de la part du Bureau de l'ONU à Genève a obligé l'APS à retirer la dépêche mensongère, prouvant ainsi à la face du monde son manque total de crédibilité.
Pour éviter une déconfiture pareille, l’APS n’a pas osé cette fois-ci s’adonner à la manipulation mensongère du dernier rapport du secrétaire général de l’ONU comme elle a pourtant l’habitude de le faire.
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La troisième raison, qui rejoint en substance la première, c’est que dans son dernier rapport, Antonio Guterres a clairement délimité les contours du rôle dévolu à la Minurso, que l’Algérie et le Polisario ont toujours cherché à dénaturer. En plus d’être l’œil vigilant de l’ONU au Sahara, consignant et rapportant impartialement tous les faits et gestes relatifs au respect ou non de l’accord de cessez-le-feu de 1991, la Minurso est surtout considérée par Guterres comme un outil précieux, dont l’«action constitue un témoignage visible et durable de l’engagement des Nations Unies et de la communauté internationale en faveur d’une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable au conflit du Sahara occidental, conformément aux résolutions 2440 (2018), 2468 (2019) et 2494 (2019)». Ces précisions d'Antonio Guterres ont le mérite de la clarté, comme l’a été d’ailleurs sa précision apportée sur la fonction exacte du polisarien Sidi Omar. Ce dernier serait un simple représentant du Polisario à New York, et non à l’ONU.