Depuis le changement radical et définitif de position de la part du gouvernement espagnol vis-à-vis du dossier du Sahara, et le soutien désormais clair et ferme à l’offre d’autonomie des Provinces du Sud, les langues se délient de plus en plus en Espagne, s’agissant du Polisario. Le dernier fait en date sur ce registre a eu lieu au sein du Congrès des députés (chambre basse comptant 350 députés, équivalente à notre Chambre des représentants). C’était ce jeudi 7 avril.
Ainsi, Miguel Ángel Gutiérrez, membre influent du parti Ciudadanos, député pour Madrid au Congrès et secrétaire général du groupe parlementaire de son parti n’a pas hésité à appeler le Polisario de son vrai nom, à savoir qu’il s’agit bel et bien d’une organisation terroriste. «Certains ont beau se cacher derrière les belles paroles, telles que les droits du peuple sahraoui, et les bonnes intentions. Mais défendre une organisation comme le Polisario, qui équivaut pour moi à défendre ETA (organisation terroriste séparatiste basque), est une chose que cet hémicycle ne devrait aucunement tolérer. Que l’on ne s’y trompe pas: le Polisario est un groupe terroriste. Ils ont assassiné 289 citoyens espagnols», a affirmé Miguel Ángel Gutiérrez, 58 ans.
Lire aussi : Sahara Marocain: le soutien espagnol à l'offre marocaine d'autonomie expliqué par Pedro Sanchez devant le Congrès
Le député Ciudadanos, ingénieur de formation, diplômé de l'Université polytechnique de Madrid et plusieurs fois directeur d’institutions publiques et privée en Espagne, a poussé la comparaison entre Polisario et l'ETA plus loin. Pour lui, le Polisario est parfaitement comparable à une organisation comme l'ETA, en cruauté comme en nombre de victimes.
S’agissant des citoyens espagnols tombés sous les balles criminelles du Polisario, Miguel Ángel Gutiérrez a évoqué les marins canariens dont les bateaux de pêche étaient les cibles d'attaques des milices du Polisario durant les années 70 et 80 dans la zone entre le Sahara et les îles Canaries.
Lire aussi : De Blinken à Zelensky en passant par Sanchez, le Maroc trace son chemin
Des morts par centaines que l'Association canarienne des victimes du terrorisme (Acavite) continue de défendre à aujourd’hui. L’association s’était d’ailleurs distinguée au moment où a éclaté l’affaire Brahim Ghali, soit l’accueil et l’hospitalisation du chef des séparatistes par l’Espagne, alors qu’il y était accusé notamment de crimes de guerre. L’ONG n’avait d’ailleurs pas hésité, en temps et en heure, à qualifier cette attitude de «blanchiment des actions terroristes perpétrées par Brahim Ghali, sous prétexte de la maladie et de prétendues raisons humanitaires».
Cette sortie appelée à être médiatisée de Miguel Ángel Gutiérrez intervient alors que la nouvelle position du gouvernement espagnol en faveur de l’option d’autonomie est sur toutes les langues dans le landerneau politique espagnol. Invité par le roi Mohammed VI, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, est d’ailleurs attendu au Maroc ce jeudi 7 avril 2022. Une visite pour «inaugurer une étape inédite dans les relations entre les deux pays», indiquait un communiqué du Cabinet royal, le 31 mars dernier. En prime, «le respect mutuel, la confiance réciproque, la concertation permanente et la coopération franche et loyale» et «des actions concrètes dans le cadre d’une feuille de route ambitieuse et couvrant tous les domaines du partenariat, intégrant toutes les questions d’intérêt commun».