Le projet de loi sur l’enseignement supérieur rallume la confrontation entre ministère et universitaires

Amphithéâtre universitaire.

Cours dans l'amphithéâtre d'une université au Maroc. . DR

Revue de presseÀ l’approche de l’examen parlementaire du projet de loi 59.24 sur l’enseignement supérieur, la tension monte entre le ministère et le Syndicat national de l’enseignement supérieur, qui dénonce un texte menaçant l’autonomie des universités et la gratuité du service public. La réunion prévue mardi prochain à la Chambre des représentants s’annonce décisive, sur fond de désaccords profonds et de menaces d’escalade syndicale. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 19/11/2025 à 18h30

La commission de l’Éducation, de la Culture et de la Communication à la Chambre des représentants s’apprête à rouvrir l’un des dossiers les plus sensibles du système universitaire marocain. Mardi prochain, elle tiendra une réunion consacrée à l’examen du projet de loi 59.24 relatif à l’enseignement supérieur et à la recherche scientifique, en présence du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Azeddine El Midaoui.

Cette rencontre, indique le quotidien Al Akhbar dans son édition de ce jeudi 20 novembre, intervient dans un climat de tension croissante entre le ministère et le Syndicat national de l’enseignement supérieur, lequel a mené une série de grèves en septembre et octobre derniers pour protester contre ce qu’il considère comme des «reculs graves» contenus dans le projet.

Au sein du syndicat, des responsables affirment que le texte n’est pas à la hauteur d’une réforme véritable. Ils estiment qu’il porte atteinte à l’autonomie des universités sur les plans pédagogique, administratif et financier, met en péril la gratuité de l’enseignement supérieur et réduit la représentation des enseignants dans les instances de gouvernance et de gestion, relève Azeddine El Midaoui. La séance de mardi pourrait être particulièrement animée, tant les divergences suscitées par le texte sont profondes depuis son annonce. Les professionnels reprochent au ministère d’avoir présenté le projet sans concertation suffisante avec les acteurs concernés.

Fin octobre, le ministre avait pourtant tenté de relancer le dialogue après plusieurs semaines de crispation. Mais des sources syndicales assurent qu’aucune rencontre officielle n’a eu lieu depuis et que le syndicat n’a reçu aucune nouvelle invitation du ministère. Pour de nombreux universitaires, le texte comporte «des dysfonctionnements majeurs» qui affectent le modèle universitaire marocain. Ils pointent notamment l’absence de garanties solides concernant l’autonomie administrative et financière des établissements, ainsi que l’introduction de mesures susceptibles d’être interprétées comme une préparation à la fin de la gratuité de l’enseignement supérieur. Ils dénoncent également ce qu’ils qualifient de marginalisation du corps académique et de réduction de son rôle dans la prise de décision.

Le ministère, de son côté, défend un projet qui viserait à moderniser le système universitaire, renforcer sa compétitivité et instaurer une nouvelle gouvernance adaptée aux enjeux de la numérisation, de la recherche scientifique et du financement de l’innovation, a-t-on lu dans Al Akhbar. Mais pour le syndicat, ces intentions affichées masquent des risques réels tant pour le statut de l’enseignant-chercheur que pour la nature même de l’institution universitaire.

À l’intérieur du bureau national du Syndicat national de l’enseignement supérieur, plusieurs voix affirment que la possibilité d’un durcissement du mouvement reste d’actualité. Elles soulignent que de nouvelles actions de protestation ne sont pas exclues si le ministère ne se montre pas disposé à revoir les points les plus contestés du projet de loi.

Par La Rédaction
Le 19/11/2025 à 18h30