Il faut croire que l'appareil politico-militaire considère les universitaires algériens comme étant de simples soldats, qui exécutent des ordres. Les scientifiques, les chercheurs et les penseurs de ce pays peuvent oublier leur savoir et leur science, quand le régime leur enjoint un ordre. C’est d'ailleurs ce qui vient de se produire dans ce pays ubuesque, qui réussit cet exploit de s'auto-concurrencer dans l'humiliation des Algériens, en prenant des décisions dont la stupidité n’a d’égale que l’ignorance crasse des gérontes complexés qui dirigent ce pays.
Après la coupure des relations diplomatiques, la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe et de l’espace aérien aux avions marocains, sans compter la chasse aux institutions qui détiennent des contrats avec des sociétés du Royaume, voici que le Maroc est cette fois-ci «sevré» des échanges scientifiques entre ses chercheurs et leurs homologues universitaires algériens.
Ainsi, sous le sceau de l’urgence, le ministère algérien de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique (MESRS), a émis, le dimanche 3 juillet dernier, une circulaire adressée à l'ensemble des présidents d’universités algériennes, dont l’objectif n’est autre que de couper immédiatement les ponts du savoir entre les universitaires algériens et leurs homologues marocains.
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Signée par le secrétaire général du MESRS algérien, B. Abdel Hakim, cette circulaire précise clairement que c’est le ministère algérien des Affaires étrangères qui les a «informés, à travers une correspondance, de la participation d’universitaires algériens, en tant que membres du comité scientifique, à la Revue marocaine du chercheur pour les études juridiques et économiques».
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Or, cette revue est accusée, selon les termes mêmes de cette circulaire, d’avoir «par le passé, publié des articles s’attaquant à l’Algérie en défendant la position du Maroc sur le Sahara occidental».
A titre d’exemple, la circulaire cite, en particulier, un article paru dans les colonnes de la revue marocaine (n° 43 du mois de mai 2022), qui s’intitule «les raisons qui doivent conduire à l’expulsion de la république fantôme (Polisario) de l’Union africaine». Au passage, remarquons de façon scientifique que le régime algérien considère que tout écrit qui remet en question l’existence de la RASD constitue une «attaque» contre l’Algérie. Et c’est là bien la moindre des incohérences d’un régime qui marche sur la tête, en criant à tue-tête qu’il n’est aucunement concerné par le conflit du Sahara occidental, alors que tous ses actes apportent –et de façon davantage flagrante, ces deux dernières années– la preuve irréfutable qu’il est la principale partie au conflit. Mais il est vrai qu’il ne faut pas s’attendre à de la cohérence de la part d’un régime qui foule aux pieds l’esprit scientifique et les lois de la logique. Un régime qui n'hésite pas à ravaler l'élite pensante du pays, soit ses chercheurs et ses intellectuels, au rang de simples exécutants.
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A cause de cet article précisément, se justifie la circulaire du MESRS algérien, il est donc demandé aux présidents des universités algériennes de prendre contact avec les chercheurs concernés et exiger d’eux qu’il se retirent immédiatement du comité scientifique de la revue marocaine.
Mais il y a plus grave. Allant encore plus loin, le MESRS ordonne d’inciter tous les universitaires algériens à ne plus participer aux colloques, séminaires ou autres rencontres organisés par le Maroc, ni de publier le moindre article dans une quelconque revue marocaine. Pour les convaincre de l'ordre intimé, la circulaire ajoute qu'«il faut rappeler aux universitaires et chercheurs algériens les manœuvres marocaines qui visent à utiliser les Algériens, quelle que soit leur catégorie, dans le cadre d’une politique et propagande anti-algériennes». Le régime algérien infantilise ainsi l'élite du pays, en la dépouillant de ses capacités de penser, alors même qu’il s’agit là de chercheurs, et alors même que le propre de leur mission est de réfléchir, d’éviter les voies qui ne sont pas celles de la recherche scientifique.
Même si la circulaire ne brandit aucune sanction contre des chercheurs algériens qui seraient éventuellement réfractaires à cet ordre intimé par le régime, le média du général Khaled Nezzar apporte un éclairage sans appel, en écrivant qu’«un maintien des relations avec ces organes de propagande du Makhzen serait alors perçu comme un acte de haute trahison». Il faut savoir que le crime de haute trahison est puni de la peine de mort en Algérie.