L’accueil en grande pompe réservé le 18 octobre par le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, au patron du Polisario n’est pas une démonstration de force, mais une démarche de dépit. Quand l’Afrique du Sud a reconnu la pseudo RASD en 2004, elle pensait que cette décision allait faire boule de neige, que toute l’Afrique allait suivre, que le monde entier allait lui emboîter le pas, qu’elle allait opérer un changement radical dans le dossier.
Quelque 17 ans plus tard, le constat est amer pour Pretoria. L’Afrique du Sud n’a pas réussi à empêcher le Maroc de réintégrer sa famille à l’UA, ni son entrée au Conseil paix et sécurité de cette même instance panafricaine. Comme elle n’a pas empêché l’UA de gérer le dossier de manière équilibrée, ni de bloquer la dynamique en faveur du plan d’autonomie. En tant que membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, en 2019 et 2020, Pretoria n’a eu aucune influence sur l’adoption de résolutions favorables au Royaume. Le pays, dirigé par Ramaphosa, voit chaque mois, impuissant, augmenter le nombre de pays africains qui ouvrent des consulats à Laâyoune et à Dakhla. Donc, quel levier reste-t-il à ce pays dans son activisme hostile à l’intégrité territoriale du Maroc? Le show, en déroulant le tapis rouge à un assassin-violeur et en arborant le torchon d’une entité illégitime.
En somme, le Maroc a établi une dynamique sur le dossier qui a rendu inaudibles les thèses du tandem Algérie-Polisario et de leur soutien sud-africain.
Celui qui a été accueilli avec le cérémonial réservé à un homme d’Etat est une brute sanguinaire, accusé d’«assassinats de travailleurs canariens» par l'Association canarienne des victimes du terrorisme (Acavite). Une association, constituée de citoyens espagnols, qui affirme que Brahim Ghali est le principal commanditaire des assassinats, des enlèvements collectifs et des disparitions d’équipages en haute mer de marins canariens lors de la période allant de 1973 à la fin de 1986. Celui à qui Ramaphosa a déroulé le tapis rouge est aussi accusé de viol dans un bâtiment consulaire à Alger par Khadijatou Mahmoud dont le récit fait froid au dos.
Le piège de la comparaison avec la Tunisie de Kaïs SaïedLes porte-voix du régime algérien ont vite saisi l’accueil réservé par Ramaphosa à Benbattouch pour mettre au défi le Royaume de réagir de la même façon que pour «la petite Tunisie» quand Kaïs Saïed a déroulé le tapis rouge au chef des séparatistes à l’aéroport de Carthage.
Lire aussi : Le vieux disque rayé de Cyril Ramaphosa sur l’affaire du Sahara
La comparaison entre la Tunisie et l’Afrique du Sud n’a pas lieu d’être. D’abord, il convient de rappeler que ce n’est pas la première fois que Benbattouch est reçu par le président sud-africain. Ensuite et surtout, la Tunisie ne reconnaît pas la pseudo-Rasd. Le président tunisien Kaïs Saïed a déroulé le tapis rouge au patron d’une entité que son pays ne reconnaît pas. Or, c’est ce distinguo entre les pays qui reconnaissent la RASD et ceux qui ne la reconnaissent pas qui sert quasiment de doctrine au Royaume dans la conduite à suivre dans ce dossier.
Cette doctrine marocaine s’applique de façon ferme et intransigeante envers les pays qui ne reconnaissent pas le Polisario et qui reçoivent le chef des séparatistes. Tout le monde a en tête la crise suscitée par l’accueil de Benbattouch en Espagne.
Il n’y a pas deux poids, deux mesures, mais deux situations distinctes qui sont gérées de façon cohérente par la diplomatie marocaine.
De plus, le pouvoir tunisien a agi sous l’influence du régime algérien auquel il est complètement vassalisé.
La politique royale a permis de stabiliser la relation avec un certain nombre de pays qui reconnaissent encore la pseudo-Rasd. Il n’y a qu’à voir le changement de comportement du Rwanda, de l’Ethiopie, du Ghana et du Nigeria, des pays qui reconnaissent encore la pseudo-RASD pour comprendre que la politique de la chaise vide n’est plus une option pour le Royaume du Maroc.