Comme on pouvait s’y attendre, la session annuelle d’avril, tenue à huis clos par le Conseil de sécurité, ce mercredi 21 avril, n’a débouché sur aucune résolution ou déclaration sur le Sahara. Elle a servi à entendre, comme d’habitude, les différentes positions de certains des 15 membres, permanents ou non, de la plus haute instance de l’ONU.
Alors que le Maroc savait que cette réunion de routine était sans grand enjeu, car se limitant à un briefing de Colin Stewart, représentant spécial et chef de la mission onusienne de surveillance du cessez-le-feu au Sahara, le Polisario et l’Algérie y fondaient quant à eux beaucoup d’espoir, pour que la guerre fictive qu'ils croient livrer au Sahara y soit mentionnée en lettres gothiques.
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Une déception, la leur, a été une nouvelle fois au rendez-vous, comme le prouve l’empressement du Polisario, dès la fin de la réunion de mercredi, à s’attaquer dans un communiqué virulent au Conseil de sécurité. Ce dernier aurait échoué, selon le Polisario, «à prendre des actions concrètes (...), laissant la porte grande ouverte à une escalade dans la guerre actuelle». Quelle guerre? En réalité, le Polisario et son tuteur algérien ont été déçus de ne pas voir le Conseil de sécurité prendre en compte la guerre imaginaire au Sahara qu’ils sont les seuls à voir, et dans laquelle ils se sont embourbés.
En effet, dans l’exposé onusien présenté aux 15 membres du Conseil de sécurité, il est juste mentionné que la situation actuelle «pouvait conduire à une escalade». La personne qui a fait l’exposé, est le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Colin Stewart, qui connait parfaitement la réalité du terrain. La troisième guerre mondiale que laissent présager les bruits de botte qu’amplifient le tandem Polisario-Algérie, ainsi que les communiqués de guerre quotidien, ne dupe en effet personne. S’il y a une leçon que l’Algérie et le Polisario devraient retenir à l’issue du Conseil de sécurité, c’est que leur grossière propagande est vaine.
Les Etats-Unis tiennent à leur rôle de porte-plumeLes Etats-Unis ont préparé le draft d’une déclaration sommaire de quelques lignes, dont Le360 a pu prendre connaissance. Ce draft se résume en quatre points: le retour au cessez-le-feu, la reprise du processus politique, l’appel à la nomination d’un envoyé spécial au Sahara et la pleine coopération avec la Minurso. Nombre des injonctions formulées dans le projet de déclaration de Washington visent directement le Polisario qui a rompu le cessez-le-feu, qui entrave le ravitaillement de la Minurso à l’est du mur de défense et saborde avec l’Algérie la nomination d’un envoyé spécial du chef de l’ONU. Ce projet de déclaration n’a pas abouti, dans la mesure où il n’a pas généré l’adhésion de tous les membres du Conseil de sécurité.
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Par ailleurs, selon l’AFP, lors de la réunion du Conseil de sécurité, la Russie a abordé la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara. «La Russie a condamné la décision américaine et appelé les Etats-Unis à l'abroger», écrit l’AFP. Si on accorde du crédit à l’information véhiculée par l’agence de presse française, s’il y a un pays que les Etats-Unis sont le moins prêts à écouter aujourd’hui, c’est bien la Russie. Après la qualification par Joe Biden de Vladimir Poutine de «criminel» et les mises en garde fermes de Washington à l’adresse de Moscou concernant l’état de santé de l’opposant russe Alexeï Navalny, quand bien même la phrase attribuée au représentant de la Russie au Conseil de sécurité serait véridique, il y a peu de chances qu’elle suscite un écho auprès des Etats-Unis.
Plusieurs médias ont rapporté qu’une délégation de militaires russes s’est récemment rendue en Algérie. Objectif de cette visite: prospecter le littoral oranais en vue de l’installation d’une base militaire de la Russie qui donnerait un accès stratégique à la flotte russe en Méditerranée occidentale. Il ne serait pas étonnant que le régime algérien, à bout de souffle, se mette sous la protection d’une puissance étrangère dans l’espoir de se maintenir en vie, en dépit d’une situation socio-économique volcanique et de centaines de milliers de manifestants qui marchent toutes les semaines dans la rue.