Pour Alphonse Zozime Tamekamta, «cette affaire, érigée en différend d’abord avec l’Espagne et ensuite avec l’Algérie, est la principale hypothèque de la marche de l’Afrique. L’Union du Maghreb Arabe (UMA) et l’Union Africaine (ex-OUA), dont le certificat de vie originel a été convenu à Casablanca, n’ayant pu solutionner ce différend, seul le Conseil de sécurité de l’ONU est en mesure de dire le droit en tenant compte de l’histoire des peuples du Grand Maroc, des règles de droit international et des aspirations légitimes du peuple marocain».
Dans cet essai de 378 pages, paru en octobre 2021 aux Éditions Afrédit (Yaoundé), Alphonse Zozime Tamekamta se penche sur les enjeux autour Sahara marocain et leur impact sur le développement du continent africain.
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«Le Sahara marocain est, depuis plus de quarante-cinq ans, l’objet d’un différend voulu et entretenu par le voisinage immédiat. Pourtant, le respect de l’intégrité territoriale du Royaume avait été exigé par le Maroc au moment de recouvrer sa souveraineté le 2 mars 1956, conformément au droit et aux réalités historiques et sociologiques, immuables», explique l'auteur de cet essai.
Dans la foulée, la puissance administrante du Sahara, l’Espagne, a cru devoir restituer les enclaves de Sidi Ifni et Tarfaya, sans en manifester l’intention en ce qui concerne le sud marocain, écrit-il, soulignant que deux faits majeurs, historiquement archivés, constituaient le dénouement de ce différend artificiel: la Marche Verte du 6 novembre 1975 et l’Accord tripartite de Madrid (Maroc, Mauritanie et Espagne) du 14 novembre 1975 qui a abouti au retrait de la puissance administrante (Espagne) du Sahara en 1976.
«C’est en ce moment que le front polisario, un mouvement estudiantin au départ (créé en 1973), est instrumentalisé par l’Algérie. En 1976, ce mouvement, prônant désormais un séparatisme indépendantiste, crée à Tindouf (Algérie) une pseudo-entité appelée république arabe sahraouie démocratique (rasd), sans contenu et attributs juridiques», rappelle cet expert des questions de conflit et médiation.
Le différend, poursuit-il, «prend une nouvelle tournure avec l’admission de cette entité factice au sein de l’OUA en 1982, en violation de l’article 28 de la Charte de cette institution panafricaine. Dès lors, commence une phase complexe de ce dossier, ponctué par une escalade militaire et le cessez-le-feu de 1991 sous égide de l’ONU».
Selon Alphonse Zozime Tamekamta, l’artificiel conflit autour du Sahara marocain, tribalisé par le voisinage immédiat, est bien un cas de figure parmi tant d’autres qui jalonne la marche irréversible de l’Afrique vers le développement et menace le vivre-ensemble dans le cadre du sacro-saint principe de la fraternité africaine.
«L’affaire du Sahara, peu ou pas connue des Africains ordinaires, révèle ainsi les incongruités d’un arrangement colonial abject, dont la singularité est surprenante. Convoité et dépecé par plusieurs puissances européennes au début du XIXe siècle, le Maroc est sorti confié à la France et à l’Espagne avec la zone internationale de Tanger. Divisé en plusieurs (4) territoires (portions/zones), le Maroc s’est vu obliger de recouvrer sa souveraineté par étapes», indique l’essayiste.
Se fondant sur des principes classiques du droit inter-temporel, l’Espagne a étayé ses prétentions en invoquant les «droits historiques» sans en préciser la genèse et la consécration des principes juridiques, ou les liens d’allégeance des tribus du Sahara au Sultan du Maroc, souligne-t-il.
Il affirme que «c’est à ce moment précis qu’intervient l’histoire, non pour informer et relater les événements passés, mais pour expliquer les phénomènes sociaux et politiques dans l’ordre chronologique, structurel et géographique. L’histoire est donc fondamentale lorsqu’il s’agit des litiges territoriaux, car l’éclairage donné aux faits historiques contribue apodictiquement à l’élaboration des approches de solution».
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Pour l’essayiste, l’initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie de la région du Sahara, qui s’avère être le référentiel immuable d’une dynamique irénologique (l’irénologie étant la science de la paix et l'une des sous-disciplines composant les études de sécurité) engagée par le Royaume, dénote de l’engagement du Maroc en faveur d’une solution politique définitive et mutuellement acceptable.
Il assure que «l’implémentation de cette Initiative en cours depuis quelques années dans le Sahara marocain ainsi que son impact dans la transformation du quotidien des peuples, nécessite ainsi la haute attention des intellectuels du Continent. Car toute tergiversation à dupliquer son écho favorable n’augure ni la désescalade du discours conflictuel des ennemis du Royaume, ni n’aide les Nations Unies, attelées à résoudre ce différend, l’un des plus vieux du Continent».
L'ouvrage Le Sahara marocain: Contours polémologiques et perspectives irénologiques se décline en trois parties.
La première porte sur le territoire, la territorialisation et la genèse du différend sur le Sahara, alors que la seconde s'intitule «Le différend porté par l’ONU et le Royaume du Maroc: la paix au bout du compte».
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L'auteur consacre la troisième partie de son ouvrage à «la paix par l’Initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie de la Région du Sahara».
L'essayiste y aborde ici le contexte et la portée de l’Initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie de la région du Sahara avant de traiter des bases institutionnelles de l’Initiative marocaine et les modalités de mise en œuvre.