C’est la question que personne ne voulait aborder avant le prochain congrès du Parti de la Justice et du Développement (PJD), qui aura lieu en décembre prochain. La modification des statuts pour ouvrir la voie à un 3ème mandat au secrétaire général du parti, voire le nom du futur patron du PJD, étaient jusqu’ici des sujets sensibles, voire tabous.
Or, le Rubicon a été franchi, ce dimanche, par les partisans de l’ancien chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane. Ils ont ouvert la voie à un 3ème mandat, donnant ainsi la possibilité à l’actuel secrétaire général du PJD de rempiler pour un nouveau bail à l’issue du prochain congrès des islamistes.
Dans son édition de ce mardi 17 octobre, le quotidien Assabah rapporte que les partisans de Abdelilah Benkirane au sein du PJD ont en effet décidé, dimanche dernier, de modifier les articles 16 et 37 des statuts du parti pour «faire cadeau d’un 3ème mandat à Benkirane». Ainsi, par un vote de 22 «pour» et 10 «contre», la Commission de la réglementation et des procédures, relevant du Conseil national du PJD, a approuvé cette modification que doivent encore avaliser les congressistes du parti à la fin de cette année.
Durant cette réunion dominicale, beaucoup d’absences ont été signalées. En plus du SG du parti, Abdelilah Benkirane, et du président du Conseil national du PJD et chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, 23 autres membres de la Commission des règlements et procédures n’ont pas participé au vote.
Cinq ministres d’El Othmani, à savoir Mustapha Ramid, Aziz Rebbah, Mohamed Yatim, Mohamed Boulif et Nezha El Ouafi étaient présents. Ils ont tenté, en vain, de dissuader les partisans de Benkirane d’ouvrir la voie à un 3ème mandat. Leurs alibis quant à la nécessaire rotation des élites et autres alternances démocratiques, ainsi qu'au refus du culte du zaïm, ont été balayés d’un revers de la main par les anti-El Othmani.
Ces derniers comptent, en effet, à travers le désormais très probable 3ème mandat de Benkirane à la tête du PJD, ouvrir frontalement les hostilités avec El Othmani. Objectif déclaré: renvoyer des instances du PJD ce qu’il appellent l’actuel «clan ministériel», puis renverser carrément le gouvernement El Othmani. Vaste programme, dont la principale victime pourrait être, par un effet boomerang, le PJD lui-même. Un parti qui risque ainsi de voler en éclats.