Flash-back. Le président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani est en visite officielle en Espagne du 16 au 18 mars 2022. Le dernier jour de cette visite coïncide avec l’annonce historique par le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, du soutien de son pays au plan marocain d’autonomie comme seule solution au différend créé autour du Sahara.
La confirmation de ce soutien, le mercredi 8 juin suivant, par Pedro Sanchez devant le Parlement espagnol, entraîne une escalade sans précédent de la part de l’Algérie, dont le régime décide, de façon irréfléchie et intempestive, de suspendre immédiatement le traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération qui liait l’Algérie à l’Espagne depuis 2002.
Or, c’est un traité du même nom, qui dormait dans les tiroirs depuis sa signature en 2008, que le gouvernement mauritanien a sorti et adopté mercredi 15 juin, lors de son Conseil des ministres hebdomadaire. Pour rappel, la longue hibernation du traité mauritano-espagnol d’amitié, de bon voisinage et de coopération est liée au fait qu’il avait été signé le 24 juillet 2008 par le premier président civil élu en Mauritanie, feu Sidi ould Cheikh Abdallahi lors d’une visite officielle à Madrid. Mais, deux semaines seulement après cette signature, ould Cheikh Abdallahi a été renversé par un coup d’Etat militaire, mené le 6 août 2008 par l’ex-général, devenu président pendant une décennie, Mohamed Ould Abdel Aziz, actuellement en résidence surveillée en attendant son procès pour corruption.
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Intervenant une semaine seulement après la folle colère d’Alger contre Madrid, l’adoption du traité mauritano-espagnol d’amitié, de bon voisinage et de coopération, décidée ce 15 juin par le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani qui présidait le Conseil des ministres hebdomadaire, est-elle un simple hasard de calendrier? S’agit-il d’un acte de solidarité avec cet important allié de la Mauritanie, l’Espagne qui, en toute sincérité, n’a commis aucun tort à l’égard de l’Algérie?
Des questions qui se posent d’autant plus légitimement que ce même jour du 15 juin, le ministère algérien des Affaires étrangères a publié un nouveau communiqué officiel concernant sa crise avec l’Espagne.
Cette fois-ci, Alger accuse le «Makhzen» d’être derrière une information circulant sur les réseaux sociaux, et selon laquelle l’Algérie aurait échoué «à récolter le soutien nécessaire à la tenue d'une réunion d'urgence de la Ligue arabe, en vue d'obtenir une déclaration de solidarité avec elle».
Le moins que l’on puisse, c’est que la décision mauritanienne d’activer son traité de coopération avec l’Espagne, à ce moment précis, est une claque douloureuse que l’Algérie aura du mal à digérer. A moins que le communiqué du MAE algérien soit vraiment droit dans ses bottes, en clamant que l’Algérie n’a besoin du soutien de quiconque dans sa crise avec l’Espagne.
L'Algérie, «qui est confiante quant à la justesse de sa position et au bien-fondé de ses décisions politiques souveraines à ce propos, n'a besoin d'aller chercher des positions en sa faveur, ni de la part de pays frères ou amis ni auprès d'organisations internationales», lit-on dans ce communiqué rapporté par l’APS, agence de presse officielle algérienne.