Ceux qui tablaient sur un changement de la posture algérienne à l’égard de la marocanité du Sahara devront encore attendre. Ce lundi, le gouvernement algérien a réagi aux propos de l’ancien secrétaire du FLN, l’ancien parti unique, toujours aussi hégémonique. Dans une interview parue jeudi dernier sur le site Tout sur l’Algérie (TSA) Amar Saâdani avait considéré que le Sahara était bel et bien marocain. Si cette affirmation a promptement fait le tour des rédactions et des milieux politiques algériens, il aura quand même fallu quatre jours avant qu’une réaction officielle ne tombe. Et celle-ci est, il fallait s’y attendre, négative, à l’image de la vieille position d’un régime qui a fait de l’hostilité à l’égard du Maroc son principe fondateur.
Par le biais de son porte-parole, le ministre de la Communication, Hassan Rabhi, dans une déclaration au forum du journal gouvernemental «Ech-chaâb», affirme ainsi que cette déclaration «n’engage que son auteur». «La position [pro-séparatistes, Ndlr] de l’Algérie vis-à-vis de cette question est claire», spécifie en outre Hassan Rabhi. Et de reprendre un discours désormais suranné: «le conflit ne trouvera pas de solution en dehors de celle qui garantisse le droit à l’autodétermination à travers un référendum transparent et inclusif comme le prévoient toutes les chartes et toutes les résolutions adoptées par l’ONU».
Le point de vue de Saâdani est donc, avec cette sortie médiatique, non seulement minimisé, mais, plus encore, méprisé. «Tous les individus, même si leurs avis peuvent ne pas peser une poussière, sont libres d’exprimer leurs opinions personnelles, mais cela ne peut avoir aucun impact sur les positions des Etats et le haut degré de responsabilité avec laquelle les Nations unies traitent la question», a encore dit le ministre algérien de la Communication.
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Rappelons que cet ex-secrétaire général du FLN qu’est Amar Saâdani, par ailleurs ancien président de l’Assemblée populaire nationale (APN –le Parlement algérien), avait déclaré en substance qu’«en vérité, je considère, d’un point de vue historique, que le Sahara est marocain et rien d’autre». «Aussi, je pense que l’Algérie a versé pendant cinquante ans des sommes faramineuses à ce qui est appelé le ‘ Polisario’et cette organisation n’a rien fait et n’est pas parvenue à sortir de l’impasse», avait en outre déclaré Saâdani, ajoutant de même que «l'argent versé au ‘Polisario’, avec lequel ses membres se baladent depuis cinquante ans dans les hôtels de luxe, doit revenir à Souk Ahras, El Bayadh, Tamanrassset et autres villes algériennes».
«La relation entre l’Algérie et le Maroc est plus grande que cette question», a-t-il ajouté, avant de poursuivre sa sortie dans ces termes: les deux pays «doivent ouvrir leurs frontières et normaliser leurs relations». Pour Amar Saâdani, en effet, «la conjoncture est favorable, car il y a l'élection d'un nouveau Président et le changement de système en Tunisie, alors que l'Algérie se dirige vers une élection et un changement de système et la Libye aussi vit une transformation».
«Tout cela peut concourir à relancer l'unité maghrébine comme l'ont voulue les vétérans du FLN et de tous les partis nationalistes du Maroc, d'Algérie, de Tunisie et de toute l'Afrique du Nord», a également affirmé l’ex-secrétaire général du Front de libération nationale.
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Même réduite en miettes par le ministre algérien de le Communication, la position qu’a tenue Amar Saâdani trahit, selon certaines analyses, un vent de changement au sein de l’administration algérienne quant à la question du Sahara. En tout cas, à tout le moins, un pavé a été jeté dans la mare. Dans son édition du dimanche, l’influent quotidien algérien «Liberté» affirme ainsi que «considéré comme un principe cardinal de l'Etat algérien, le soutien à la cause du Polisario commence à susciter des réticences».
«Indépendamment des positions parfois dubitatives de certains responsables politiques en dehors des cercles officiels, cette fois-ci, c'est un ancien secrétaire général du FLN et non moins ex-président de l'APN, donc un ancien 3e homme de l'Etat, qui jette un pavé dans la mare quant à la question du Sahara occidental», écrit aussi Liberté.
Le quotidien rappelle à ce titre que «jamais un responsable au sein de l'Etat algérien n'a tenu de tels propos sur un conflit devenu au fil des temps un principe inviolable par l'Etat algérien».
Et pour Liberté, «la sortie de Amar Saâdani suscite réellement deux interrogations: elle intrigue, car elle ne répond pas à une actualité brûlante, contrairement à d'autres dossiers. Aussi, il est à se poser la question sur les motivations d'une telle déclaration, mais également sur le choix du moment». Question pertinente, en effet.