Sa sortie médiatique sur la discrète chaîne YouTube BlancTV, datant de fin juillet et dans laquelle il affirme que les Marocains sont prêts à marcher par millions sur Tindouf pour libérer le Sahara, a provoqué un véritable séisme chez le voisin de l’est. Ahmed Raïssouni y est sur toutes les lèvres. Après l’opération de bashing dont il a fait l’objet dans l'ensemble des médias algériens, largement inféodés au régime, le savant religieux a eu droit à des attaques, en off, d’officiels, comme Amar Belani, le pseudo «envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb» et, en on, de dirigeants de partis politiques tout aussi acquis aux caporaux, comme Abdelkader Bengrina, président du Mouvement national El Bina (d'obédience islamiste).
Le prédicateur marocain a même eu droit à un communiqué, publié hier, mardi 16 août, au soir, et notamment relayé par TSA (Tout sur l'Algérie), et par le Haut conseil islamique algérien, un organe placé sous la tutelle de la présidence algérienne. Les propos tenus par le président de cette instance, qui relèvent de tout, sauf de l'islam, sont allés jusqu’à traiter Raïssoun de «sénile», et jusqu'à attaquer l'instance qu’il préside dans son ensemble, une union qui est par ailleurs représentative de l'ensemble du monde musulman. «La honte ne se limite pas à la sénilité de Raïssouni, mais à tous les oulémas musulmans qui acceptent d’être dirigés par un sénile comme Raïssouni», a-t-il écrit. Une réaction on ne peut plus officielle.
Ce mercredi 17 août 2022, sur son propre site, Ahmed Raïssouni a tenu à expliquer sa position et les propos qu'il a récemment tenus: «ma prise de parole lors de cette interview était spontanée et mes propos courts, ce qui a ouvert la voie à des interprétations erronées», a-t-il annoncé d’emblée. «Si j’ai appelé à marcher sur Tindouf et à ce que les oulémas et prédicateurs marocains puissent se rendre dans les camps installés là-bas, c’est pour que nous puissions communiquer et dialoguer avec nos frères marocains qui y sont séquestrés, leur parler de l’unité et la fraternité que nous partageons avec eux et de l’absurdité du projet séparatiste pour lequel se bat le front Polisario, appuyé et dirigé par l’armée algérienne. Et cela, tout le monde le sait».
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Pour Raïssouni, les cinq pays du Maghreb gagneraient à dépasser le conflit sur le Sahara. Rejetant tout recours aux armes et à la guerre, source de destruction et de malheurs, le savant religieux ultra-conservateur appelle les responsables algériens «frères» à se départir de leur soutien à la division du Maroc et laisser le Royaume gérer la question, celle-ci étant une «affaire interne».
S’agissant de la Mauritanie, dont il a qualifié l’existence d’«erreur» au cours de son interview sur la chaîne YouTube BlancTV, des liens d’allégeance entre les tribus de ce pays et le Trône alaouite étant avérés, Raïssouni précise que sa lecture était purement historique. «La Mauritanie est un fait aujourd’hui. Et une éventuelle union entre nos pays (de tout le Maghreb, Ndlr) ne peut être que la traduction d’une volonté partagée et d’une démarche progressive. La réactivation de l’Union du Maghreb arabe peut être un bon début», a expliqué le prédicateur.
Pour Ahmed Raïssouni, il n’existe aucune différence ou échelle de préférences entre un Marocain, un Algérien, un Mauritanien, un Tunisien ou un Libyen: «mon souhait est que la mauvaise foi et la surenchère soient évacuées», a-t-il conclu. Pas gagné d'avance.