Très discrète, gênée, voire abattue par la décision-massue que l’Administration américaine vient d’adopter, via la signature, jeudi dernier, d’un décret présidentiel reconnaissant la souveraineté totale du Maroc sur tout son Sahara, l’Agence officielle de presse algérienne reprend, depuis dimanche 13 décembre, ses couleurs anti-marocaines.
Et pour cause, les autorités algériennes ont réussi à sortir Christopher Ross, l’ancien envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara, de l’oubli. Entre dimanche et lundi, l’ancien ambassadeur américain à Alger, a sorti un post sur sa page Facebook, dimanche, suivi d’une déclaration sur les ondes d’une radio algérienne, ce lundi.
Ainsi, la décision de Donald Trump, actant la reconnaissance officielle par les Etats-Unis d’Amérique de la souveraineté du royaume du Maroc sur son Sahara, est qualifiée par Ross d’«insensée» et d’«irréfléchie».
Le plus étonnant dans une telle réaction, c’est qu’un ancien médiateur onusien, qui a officié pendant quasiment une décennie au Sahara (2009-2017), se permet d’écrire que la décision du président Trump «va à l'encontre de l'engagement des Etats-Unis à l'égard des principes de l'annexion de territoires par la force et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes», précisant, sans mettre le moindre gant, que la décision de Trump nuit «à nos relations avec l’Algérie». Une reconnaissance on ne peut plus claire que non seulement le conflit du Sahara oppose avant tout le Maroc à l’Algérie, mais que du temps où il était émissaire de Ban-ki Moon au Sahara, il n’a jamais été impartial.
Autre aveu indirect de Christopher Ross, et qui donne en réalité raison à Trump, celui d’avoir reconnu que dans les sphères politiques à Washington, le rejet constant et catégorique d’un prétendu Etat sahraoui a toujours prévalu, car un «Etat indépendant au Sahara occidental serait un autre mini-Etat failli». Lui seul, aux USA, affirme le contraire, pour plaire à l’Algérie.
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L’APS, qui ne cache pas que Ross a été «sollicité pour donner son avis sur l’annonce de Trump» (sollicité par qui?) rapporte, ce lundi, sa déclaration à une radio algérienne. Sur les ondes de cette dernière, il prétend que la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara «ne changeait rien à l’approche de la communauté internationale sur ce conflit, rappelant la position "claire" de l’Algérie sur le droit des peuples à l'autodétermination», écrit l’APS. Et de réitérer que «la proclamation du président américain sortant reconnaissant une souveraineté qui n’appartient ni à lui ni au Maroc est insensée, irréfléchie et dangereuse». Il ira même jusqu’à dire que le nouveau président américain, Joe Biden, pourrait annuler la décision de Trump, dès sa prise de pouvoir, prévue le 20 janvier prochain. Et Ross de se faire de nouveau l’avocat de l’Algérie en expliquant que la décision de la présidence américaine «menace le développement des liens existant entre l'Algérie et les Etats-Unis sur les plans énergétique, commercial et en matière de coopération sécuritaire et militaire». Le moins que l’on puisse dire, c’est d’être reconnaissant à Ross, qui connaît bien le dossier du Sahara, de nommer dans sa réaction déçue la véritable partie au conflit: l’Algérie.
Il n’y a rien d’étonnant dans les propos de Christopher Ross, connu pour sa partialité flagrante et ses manœuvres provocatrices à l’égard du Maroc, durant tout le temps où il était envoyé spécial au Sahara.
Pour rappel, c’est Christopher Ross qui manipulait l’ancien secrétaire d’Etat américain, John Kerry, en vue de le convaincre de piloter une résolution onusienne visant à étendre le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme au Sahara marocain. Le 22 avril 2013, un projet de résolution en ce sens a été examiné au Conseil de sécurité, avant que le Maroc ne réussisse à le faire tomber à l’eau.
Une année auparavant, Christopher Ross a été rappelé à l’ordre par le Maroc, qui lui a retiré sa confiance en 2012, à cause de sa partialité manifeste, maintes fois exprimée. A l’instar de sa provocation qui a consisté, lors d’une tournée dans la région, de débarquer directement à Laâyoune, sans passer par Rabat. Le clash entre les deux parties ira même jusqu’à l’expulsion par le Maroc de certains observateurs de la Minurso, priés de quitter le territoire national pour avoir dévié de leur mission.
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C’est finalement sa partialité dans un dossier qu’il était censé, vu le poids de son pays, gérer en restant à équidistance entre les parties en conflit, qui a fini par le faire éjecter d’un poste où il a servi outrageusement les intérêts d’Alger. Ce qui a fait dire à Omar Hilale, représentant spécial du Maroc à l’ONU, que «Christopher Ross est le meilleur ambassadeur que l’Algérie ait jamais eu».Une accointance confirmée, en octobre 2019, lorsque Christopher Ross s’est affiché, à la surprise générale, dans les camps de Lahmada. Or la date de sa visite n’est pas anodine. L’Algérie ayant eu vent de la première mouture de la résolution 2494 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a pris fait et cause pour la solution d’autonomie proposée par le Maroc, a voulu faire en sorte que le jour de l’adoption de cette résolution soit «éclipsé» à Tindouf par la présence sur place de l’ancien envoyé spécial de l’ONU au Sahara.
Aujourd’hui encore, avec le tournant décisif et irréversible qu’a pris le dossier du Sahara marocain, avec la sécurisation définitive du passage frontalier avec la Mauritanie à El Guerguerat et celle diplomatique du soutien américain sans équivoque à la souveraineté marocaine sur son Sahara, Christopher Ross remet sa casquette d’avocat des causes perdues, en vue de rendre moins douloureuses à l’Algérie ses défaites cinglantes.