L’affaire du consul marocain à Oran, qui aurait, le 13 mai dernier, affirmé devant un groupe de compatriotes bloqués en Algérie qu’ils étaient en pays ennemi, continue de faire des vagues.
Ce mardi 9 juin, Mohand Oussaid Belaïd, ministre conseiller à la Communication, porte-parole officiel de la présidence de la République, selon le titre long dont l’a coiffé l’agence officielle algérienne, a annoncé lors d’une conférence de presse que «le consul du Maroc à Oran a effectivement quitté le territoire algérien. Il a dépassé toutes les limites de la convenance».
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On peut légitimement s’étonner que le ministre conseiller à la Communication, porte-parole officiel de la présidence de la République fasse un commentaire sur un sujet qui relève du périmètre du ministère des Affaires étrangères. Cela peut surprendre d’autant plus que Tebboune jure ses grands dieux qu’il veut rompre avec l’héritage de son prédécesseur et laisser le ministre des Affaires étrangères diriger le département dont il a la charge.
La question interpelle en effet. Pourquoi le président algérien s’est-il substitué à son ministre des Affaires étrangères, afin de s’exprimer de façon peu diplomatique sur un dossier banal que Sabri Boukadoum avait déjà en main? En effet, c’est bien ce dernier qui a discuté avec l’ambassadeur marocain à Alger, le jeudi 14 mai dernier, des propos attribués au consul marocain à Oran. L’incident a été clos à compter de ce jour-là et le consul marocain est rentré depuis plusieurs jours au Maroc, comme cela a été annoncé par la presse algérienne.
Mais chassez le naturel, il revient au galop. Tebboune, un ancien fonctionnaire de l’administration territoriale, l’équivalent d’un caïd chez nous, se retrouve catapulté président de l’Algérie, en dépit de l’opposition farouche du peuple. Il manque à ce président désigné la légitimité historique que confère à ces prédécesseurs l’aura de la résistance contre l’ancienne colonie.
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Comment se forger, dès lors, la stature d’un homme d’Etat? En alimentant le sentiment national par l’épouvantail d’ennemis extérieurs, doit penser Tebboune. Il s’empare donc de n’importe quel fait pouvant flatter le patriotisme, fût-ce des propos d’un banal consul.
Mais le meilleur est à venir. Car le ministre conseiller à la Communication, porte-parole officiel de la présidence de la République a ajouté: «Nous avons demandé son (celui du consul marocain à Oran) départ. Son comportement était prévisible. Nous avons découvert que c’est un agent des services de renseignements marocains qui a été désigné consul à Oran pour d’autres raisons».
Nous sommes habitués aux délires des médias algériens qui voient des espions marocains partout. Mais là, c’est la présidence algérienne qui légitime un poncif des médias du voisin de l’Est. Le délire paranoïaque de nos confères algériens, qui n’en sera que plus grand dans les jours à venir, nous dispensera de la lecture des romans d’espionnage.