Dans le numéro d’octobre 2020 de la revue mensuelle «El Djeich», éditée par l’armée algérienne, le Sahara marocain a été érigé en dossier principal, reléguant, très loin derrière, les informations militaires censées être le contenu principal de cette publication. Ce dossier, qui n’apporte rien de nouveau, revient sur la thématique habituelle que ressasse la propagande algérienne depuis maintenant plusieurs décennies, nonobstant les changements radicaux intervenus dans la région et à travers le monde. Sauf que l’armée algérienne a fait plus fort que les outils habituels de propagande anti-marocaine.
Allégations de violations des droits de l’homme au Sahara, hallucinations sur le passage Maroc-Afrique d’El Guerguerat, attaques contre l’ONU accusée de traîner les pieds en refusant d’organiser l’irréalisable référendum en vue d’une impossible indépendance… Tout y passe. Mais en grossissant le trait. Sans sourciller, l’armée championne du monde toutes catégories de la corruption, du népotisme et du clientélisme intitule un premier article de trois pages creuses «Crime contre l’humanité dans les territoires sahraouis occupés». C’est à se demander dans quel monde vivent les généraux algériens.
Lire aussi : Vidéo. L’armée algérienne se livre à un exercice à munitions réelles non loin du mur de défense marocain
Pour mieux faire que l’APS et El Moudjahid réunis, l’organe de presse militaire boucle son dossier de 13 pages sur le Polisario par une interview du prétendu ambassadeur séparatiste à Alger, en vue de lui faire répéter la même logorrhée déjà débitée à travers ce dossier d’ «El Djeich». Pour rappel, c’est la deuxième fois consécutive, après le mois de septembre dernier, que la revue de l’armée algérienne consacre un long dossier au Polisario. Sauf que cette fois-ci, les généraux algériens sont allés très loin. Sans la moindre crainte d’offusquer l’opinion publique algérienne, ils affirment clairement que le Sahara occidental est une cause sacrée pour l'armée algérienne, une cause à laquelle est très probablement subordonnée la défense des frontières et de la souveraineté algériennes.
Ce nouveau dossier pèche aussi, et dès la première phrase de son premier article, par la mise à nu de la contradiction flagrante dont fait montre le régime algérien. D’une part, les plumitifs d’«El Djeich» affirment que l’Algérie est l’«un des pays qui ont le plus œuvré au règlement des crises, au maintien et à la restauration de la paix en Afrique et dans le monde», et, d’autre part, d’assurer le Polisario du soutien «indéfectible et non négociable» de l’armée algérienne dans la pérennisation de la crise avec le Maroc.
En affichant clairement son soutien au Polisario, devenu ainsi le sujet principal de son organe de presse, l’armée algérienne a gravement foulé aux pieds la Constitution de son pays, qu’il s’agisse de celle toujours en vigueur ou de celle en cours de présentation au référendum du 1er novembre prochain. En effet, à travers cette sortie médiatique, les généraux algériens ont outrageusement empiété sur les pouvoirs dévolus par la Constitution au président de la République, Abdelmadjid Tebboune, chef des armées et ministre de la Défense.
Lire aussi : Le Polisario mis à l'index par le SG de l’ONU pour ses violations des Accords militaires, y compris à Guerguerat
Les galonnés algériens, en proclament haut et fort leur soutien au Polisario, démentent également la position des politiques algériens qui persistent à dire que l’Algérie n’est pas une partie au conflit du Sahara. Un discours dont n'est plus dupe, au demeurant, la communauté internationale.
En s'engageant directement aux côtés du Polisario dans son organe de presse, l’armée algérienne jette le masque et montre un visage moins habituel que ses collisions avec les séparatistes, mises à nu à maintes reprises comme dans le crash d’un avion militaire, le 11 avril 2018, après son décollage de la base de Boufarik qui a fait 257 morts, dont plusieurs militaires du Polisario. En effet, à la lecture du dernier numéro de la revue «El Djeich», on comprend que le Polisario n’est qu’une milice à la solde de l’armée algérienne.
Qu’est-ce qui a poussé l’armée algérienne à sortir du bois? Le désespoir où se trouvent les dirigeants du Polisario? La faiblesse de la diplomatie algérienne, traversée par de graves crises internes qui neutralisent toute action concertée?
En tout cas, pour conforter les cadors du Polisario qui paniquent depuis que leur voix est devenue inaudible et que le dernier rapport du secrétaire général de l’ONU les décrit comme une entité au ban de la communauté internationale, l’armée algérienne se substitue à une diplomatie hémiplégique. Et elle agit à sa manière tête baissée, avec ses grosses bottes, sans mesurer les conséquences lourdes de ses sorties hostiles contre la nation marocaine.
Le soutien direct apporté par l’armée algérienne au Polisario est une preuve que l’Algérie constitue aujourd’hui une menace pour la stabilité d’une bonne partie de l’Afrique du Nord et de la région du Sahel.