Amie lectrice, ami lecteur, vous vous en souvenez, nous nous posions, dans ces mêmes colonnes, il y a deux semaines, la question suivante à propos de l’Angleterre: vaut-il mieux confier les affaires sérieuses de l’État à un autocrate entouré de gens très intelligents qu’à un bouffon aux idées courtes mais élu «démocratiquement» par des gens qui ne comprennent pas grand-chose à la marche du monde ? Grave, importante interrogation… Nous avions déterré Rousseau pour chercher la réponse : Jean-Jacques, l’un des plus grands penseurs de la politique, nous avait confirmé (c’est quelque part dans le Contrat Social) que oui, dans certains cas, la volonté générale, garante de l’intérêt général, pouvait parfaitement s’incarner dans l’autocrate – contre toute forme de parlement, d’assemblée sur la place publique, de referendum, etc.
Vos réactions allaient majoritairement dans ce sens. Eh bien, les évènements récents l’ont confirmé: vous aviez raison, perspicaces lecteurs! C’est presqu’une démonstration mathématique: le populisme du bouffon est bâti sur le mensonge ; c’est donc une mystification du peuple ; c’est donc l’exact contraire de la démocratie.
Démonstration: Nigel Farage, le bouffon qui a conduit les Britanniques à voter pour la sortie de l’Union européenne, est reçu par la chaîne anglaise ITV vendredi 24 juin dernier, au petit matin. La journaliste, pugnace, lui demande de confirmer que, grâce à cette sortie, le système de santé britannique, le fameux NHS, allait s’enrichir chaque semaine de 350 millions de livres sterling, économisés (soi-disant) sur la contribution british à l’Union. Et le bouffon de rétorquer: «Non, ce ne sera pas possible, nous nous sommes trompés dans le calcul.»
Une erreur? Mon œil ! C’était un mensonge. La journaliste, incrédule, lui fait remarquer que la plupart de ceux qui ont voté pour le Brexit l’ont fait sur la base de cette promesse-mensonge. Et le bouffon de hausser les épaules. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient…
Maintenant, voici le plus extraordinaire : cet aveu éhonté, Farage l’a-t-il fait un mois après le résultat du referendum? Une semaine? Non: une heure! Attendez, je vais ajouter quelques points d’exclamation pour mieux exprimer mon ahurissement et mon indignation: une heure!!!!! Il savait donc, dès le début, que sa promesse phare, c’était du pipeau. Si ce n’est une preuve de la duplicité et de l’absence de vergogne des populistes…
Quelle leçon y a-t-il pour nous, ressortissants du maghrib al-aqsa’, dans ces navrantes péripéties? À mon avis, la voici: si un politicien, avant des élections, nous promet la lune, c’est-à-dire la fin du chômage en douze mois, une croissance garantie de 8%, la Coupe du Monde et le hammam gratuit pour tous, eh bien, c’est un bouffon populiste, passons notre chemin…