Mohamed Ould Levdil, un jeune homme d’affaires mauritanien, a été kidnappé dans la matinée de samedi dernier par des éléments du Polisario. Le rapt s’est déroulé dans le nord du pays et précisément dans la ville de Fdérik, ville jumelle de la cité minière de Zouerate dont elle est distante de moins de 30 km, et dont la maire, Mariem Bouchraya, n’est autre que la maman du jeune homme d’affaires.
Selon le déroulement des faits tel que rapporté par la presse mauritanienne, Ould Levdil a été abordé, samedi matin à Fdérik (ex-Fort Gouraud), par des individus qui disent être propriétaires d’un camion de marchandises, ensablé à quelques kilomètres de la ville. Ils lui demandent de les aider à sortir le véhicule de sa mauvaise passe, et éventuellement de marchander la cargaison du camion au cas où elle l’intéresserait.
Flairant une bonne affaire avec de probables contrebandiers, nombreux à écumer la zone, le jeune homme s’est laissé prendre dans le guet-apens et, à bord d’un tout-terrain prêté par un ami, il a immédiatement pris la direction indiquée par ceux qui seront ses ravisseurs. Plus tard dans l’après-midi du samedi, le tout-terrain a été retrouvé quasiment à court de carburant, non loin de la ville, par les forces de sécurité mauritaniennes, alertées par la mère du disparu. Cette dernière venait juste de recevoir une communication téléphonique (qu’elle a pris le soin d’enregistrer) lui demandant de verser une rançon de 12 à 16 millions d’ouguiyas (de 3 à 4 millions de dirhams en nouveaux ouguiyas) en contrepartie de la libération de son fils.
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Dans cette communication téléphonique, les ravisseurs ont exigé le paiement rapide de ladite rançon, car «tout retard mettrait en danger la vie de son fils», selon des informations rapportées par le site régional zoueratmedia.info (consulter ci-dessous l'enregistrement audio de la conversation téléphonique entre la mère de l'homme d'affaires kidnappé et les ravisseurs).
Pour camoufler ce rapt, les ravisseurs ont argué d’une dette impayée par leur victime. Une allégation visant en réalité à faciliter la remise et la sortie de la rançon, par le biais d’un intermédiaire, sans que ce dernier soit inquiété par la police.
Or cette dernière a rapidement conclu à une tentative de diversion, et a placé sous haute surveillance les commerces appartenant au jeune kidnappé et la résidence de ses parents, pour éviter qu’ils ne soient attaqués par les ravisseurs. En effet, la police soupçonne des éléments armés du Polisario qui pourraient revenir en catimini sur les lieux, afin d’y dérober des biens sur la base d’indications extorquées à leur prisonnier.
Mis dans l’embarras par le traitement donné à ce fait divers par la presse mauritanienne, qui a unanimement parlé d’une nouvelle affaire de grand banditisme dont seraient responsables certains éléments du Polisario, ce dernier a tenté de donner une version édulcorée des faits. Face à la mobilisation sans précédent des autorités administratives, militaires et sécuritaires de la Wilaya du Tiris Zemmour dont relève la ville de Fdérik, le Polisario a clamé qu’il ne s’agirait que d’une affaire de dettes impayées par le jeune homme d’affaires mauritanien à ses ravisseurs, qualifiés de «simples commerçants sahraouis». Comme quoi, entre un débiteur et un créancier, ce n’est pas le droit qui régit la relation commerciale, mais la siba.
Pire encore, à aucun moment le Polisario ne propose de régler cette affaire, sachant que ses «commerçants» et leur victime auraient pris la direction des camps de Tindouf en attendant de percevoir la rançon exigée de la maire de Fderik.
Se perdant davantage en conjectures, le Polisario n’a trouvé de mieux que de déverser son venin sur la presse mauritanienne, trop «pro-marocaine» à ses yeux, pour avoir «gonflé cet incident» en vue de créer la zizanie entre les «peuples mauritanien et sahraoui» (sic !).
Pourtant, la presse mauritanienne n’a fait que s’en tenir à une «jurisprudence» bien établie, sachant que les éléments du Polisario ne sont pas à leur premier forfait dans la région. En effet, les Mauritaniens qui s’aventurent dans le grand désert sont très souvent victimes des exactions des éléments du Polisario qui les délestent de tous leurs biens: voitures, bétail, marchandises… Certains y ont même laissé leur vie. Les nombreuses patrouilles mobiles de l’armée mauritanienne actuellement présentes sur place et la fermeture de la frontière avec l’Algérie depuis maintenant plusieurs mois ne sont pas étrangères à la terreur que sème le Polisario dans cette vaste région qu’il a transformée en véritable coupe-gorge.