En politique, rien n’est impossible, avait dit un jour l’ancien patron de l’USFP et ancien premier ministre de l’alternance consensuelle, Abderrahmane El Youssoufi. Cela se vérifie aujourd’hui encore dans la région nord du royaume, où deux ennemis que tout oppose, le PAM et le PJD, mettent leurs intérêts personnels au-dessus de leur animosité que l’on croyait irrédentiste.
C’est ainsi que le quotidien Al Akhbar de ce jeudi 8 mars nous apprend que, en contrepartie de leur silence sur la mauvaise gestion dont fut coupable l’ancien maire de Tanger, Fouad El Omari, ce dernier ainsi que son frère aîné ont décidé d’enterrer la hache de guerre avec les dirigeants islamistes de la région du nord. Les intérêts personnels et mutuels expliqueraient ce subit rapprochement, qui en surprend plus d’un, selon le journal.
En effet, Ilyas El Omari, après avoir longtemps mis en quarantaine ses opposants PJDistes en les privant de tous les avantages qu’il distribuait à son «clan tribal» au sein du Conseil régional, leur a subitement ouvert les vannes, faisant d’une pierre deux coups: acheter leur silence sur la gestion passée de son frère à la Mairie de Tanger et renforcer lui-même sa position au sein du Conseil régional en graissant la patte à sa farouche opposition. Ainsi, les conseillers PJD de la Région se sont récemment vu attribuer de nombreux avantages, en particulier la mise à leur disposition de voitures de service neuves, transformées en véhicules privés.
Al Akhbar ajoute même que les échanges de louanges entre l’actuel maire PJDiste de Tanger, Mohamed Bachir Abdellaoui, et le secrétaire général du PAM, Ilyas El Omari, sont si révélateurs de ce pacte qu’ils animent toutes les discussions de café et de salons dans la capitale du Boughaz. Ce revirement inattendu du très contesté chef du PAM, parti qui se voulait une alternative au PJD, a créé une grosse colère dans les rangs du parti du Tracteur. Les nombreux opposants d’El Omari ont désormais de solides alibis pour porter l’estocade finale à ce dernier.