C’est le quotidien Akhbar Al Yaoum qui l’annonce, en exclusivité, dans son édition du 17 juillet, en titrant: «Le plan du gouvernement pour la réforme des retraites et ses cadeaux aux syndicats pour la faire passer». Selon le quotidien, Abdelilah Benkirane a reçu, tout au long de ces deux jours, les leaders des centrales syndicales les plus représentatives afin de leur exposer sa recette pour l’épineuse réforme des retraites. Les réunions ont eu lieu dans le bureau du chef du gouvernement qui a pris le temps d’exposer une formule n’ayant au fond rien d’innovant.
Akhbar Al Yaoum synthétise, dans un tableau, les propositions de réforme du gouvernement. Primo, l’augmentation progressive de la contribution des fonctionnaires et de l’Etat jusqu’à 28% sur quatre ans. Secundo, l’adoption de la moyenne des salaires sur les huit dernières années pour le calcul du montant de la pension. Tertio, l’allongement de l’âge de la retraite de 60 à 63 ans sur trois ans, puis à 65 sur quatre ans. Enfin, l’instauration d’un régime complémentaire pour le pôle public. Pour faire passer la pilule, Benkirane a concédé aux syndicalistes quelques cadeaux, soit la réévaluation à 300 dirhams des allocations pour les cinq premiers enfants, un montant minimum de pension à 1500 dirhams, l’élargissement de la couverture médicale aux parents des fonctionnaires et la création de fondations pour les œuvres sociales.
A en croire la publication, tous les «na9abi» en chef qui ont défilé dans le bureau du chef du gouvernement n’auraient pas jugé l’offre de Benkirane acceptable. Miloudi Moukharek, de l’UMT, cité par Akhbar Al Yaoum, a exprimé tout son dépit et son refus catégorique de ce nouveau plan gouvernemental. «Les doléances présentées par les syndicats doivent être satisfaites dans leur intégralité», a déclaré le chef de file de l’UMT. Et d’ajouter: «J’ai prévenu le chef du gouvernement qu’il ne pouvait agir à sa guise».
Abdelilah Benkirane n’a pourtant d’autre choix que de tenter un passage en force s’il espère voir, un jour, sa réforme des retraites aboutir. Le timing politique est d’ailleurs propice: les grandes centrales syndicales viennent d’essuyer un véritable camouflet lors des dernières élections professionnelles qui ont démontré que le plus grand syndicat du royaume est… sans appartenance syndicale.