L'avenir passera par l'Afrique ou ne passera pas. C'est en substance ce qu'a affirmé le roi Mohammed VI dans son discours marquant le 64e anniversaire de la Révolution du roi et du peuple et que le souverain vient de donner ce dimanche 20 août. Un discours consacré presque entièrement à l'Afrique d'ailleurs. Pour le roi, la Révolution du roi et du peuple, qui a enclenché l'indépendance du royaume, a été également le "catalyseur d’une prise de conscience aigüe et d’une foi accrue dans la communauté de destin qui unit le Maroc à son continent".
"C’est, donc, sans surprise que le Maroc, imprégné de la symbolique et des valeurs inhérentes à cette glorieuse Révolution, adopta, dès son indépendance, des positions fermes à l’avantage de l’Afrique, et prit des initiatives concrètes en sa faveur", a dit le roi Mohammed VI. Il en veut pour preuve, la participation, en 1960, à la première opération de maintien de la paix au Congo, la tenue, la même année, à Tanger, de la première réunion de la Commission de développement de l’Afrique et, la création inédite, au sein du Gouvernement de 1961, d’un ministère pour les affaires africaines ayant pour mission de soutenir les mouvements de libération. Sans oublier la tenue, en 1961, de la Conférence de Casablanca, qui posa les premiers jalons pour l’avènement, en 1963, de l’Organisation de l’Unité africaine.
Autant dire que l'engagement africain du Maroc ne date pas d'aujourd'hui. Mieux, et parlant d'aujourd'hui, "il n’a pas été non plus dicté par des calculs conjoncturels ou des supputations éphémères. Il est plutôt le gage de notre fidélité à cette histoire commune, et l’expression d’une foi sincère dans la communauté de destin qui nous rassemble", a affirmé le souverain.
Pour le roi, la stratégie africaine du Maroc est "l’aboutissement d’une méditation profonde et réaliste, organisée autour d’une vision stratégique inclusive à long terme, et adossée à une approche graduelle fondée sur la notion de consensus". Elle est aussi "axée sur une connaissance pointue de la réalité africaine".
Cela se traduit de manière concrète: le roi a effectué plus de cinquante déplacements dans plus de vingt-neuf pays depuis son accession au règne. Quatorze visites ont été effectuées depuis le mois d'octobre dernier. Sans oublier que ces déplacements se sont traduits par des projets aussi concrets que de grande envergure. On retiendra, selon le discours royal, le gazoduc atlantique Nigeria-Maroc, les complexes de production d’engrais en Ethiopie et au Nigeria, les projets de développement humain destinés à améliorer les conditions de vie des populations africaines, comme les services et les installations sanitaires, les établissements de formation professionnelle, les villages de pêcheurs.
"De plus, cette politique a été couronnée par le renforcement de nos partenariats économiques, le retour du Maroc à l’Union Africaine et l’Accord de principe donné pour l’adhésion de notre pays au sein de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest", lit-on dans le discours royal.
Tournant diplomatique majeur dans la politique extérieure de notre pays, ce retour est également "un franc succès pour notre orientation africaine, surtout au regard des obstacles que certains ont tenté de dresser sur notre chemin. C’est aussi une reconnaissance solennelle de la crédibilité dont le Maroc jouit auprès de nos frères africains, et une preuve éloquente de la place privilégiée qu’ils lui réservent dans leurs cœurs". "Quiconque considère que le retour à l’Union Africaine a été la seule et unique motivation derrière tout ce que nous avons entrepris jusqu’à présent, montre par là qu’il ne Me connaît pas vraiment", tranche Mohammed VI.
Les choses sérieuses ne font que commencer. "Ce retour, pour important et décisif qu’il soit, n’est pas une fin en soi. Car l’Afrique a toujours été et demeurera en tête de nos priorités. Ce qui importe, en définitive, pour nous, c’est de contribuer à son essor et de servir le citoyen africain", a affirmé le roi. "Quiconque délaisse l’Afrique ou la sous-estime par un désintérêt manifeste pour ses Causes, ou encore mène une politique de subornation pour s’assurer des positions favorables, ne doit en vouloir à personne d’autre qu’à lui-même", a-t-il ajouté.
Fin mot de l'histoire, et pour le souverain, "l’Afrique représente l’avenir qui commence aujourd’hui". Les thèses contraires ne sont que (mauvaise) littérature.