Une semaine seulement après la fin d’une tournée infructueuse dans quatre pays d’Afrique australe (Afrique du sud, Lesotho, Angola, Kenya) commencée le 7 janvier dernier, le chef de la diplomatie algérienne est encore revenu en Afrique subéquatoriale, ces 25 et 26 janvier. Cette fois-ci, l'impénitent Sabri Boukadoum s'est rendu en République démocratique du Congo, dont le président, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, va présider dans quelques jours, et jusqu’en février 2022, l’Union africaine.
Selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères, «Sabri Boukadoum a effectué les 25 et 26 janvier 2021 une visite officielle en République démocratique du Congo (RDC), au cours de laquelle il a été reçu par le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo».
Le sésame de cette audience présidentielle était bien évidemment la remise d’un prétendu message du président Abdelmadjid Tebboune, pourtant absent d’Alger depuis plusieurs semaines pour cause de maladie.
L’objectif de cette visite serait, toujours selon le communiqué du département de Boukadoum, «la concertation sur les questions régionales et internationales d’intérêt commun, notamment en prélude à la prise, par la RDC, de la présidence tournante de l’Union africaine».
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Or, quand on sait que le soutien au Polisario est érigé en «dogme» en Algérie, où il constitue le nœud gordien de la diplomatie locale, on comprend que Boukadoum était venu tenter d’infléchir la position de Kinshasa sur le dossier du Sahara. Mais Boukadoum a encore une fois frappé à la mauvaise porte, car la RDC est un vieil et constant allié du Maroc. Preuve en est l’ouverture de son consulat à Dakhla.
D’ailleurs aussi bien le président Félix Tshisekedi que sa ministre des Affaires étrangères, Tumba Nzeza Marie, lui ont clairement fait part de la position ferme de Kinshasa en faveur de la marocanité du Sahara.
Pourtant, la diplomatie algérienne aurait dû tirer les conclusions qui s’imposent de la leçon sud-africaine, du moment que Pretoria, allié inconditionnel d’Alger dans sa haine du Maroc, n’a été d’aucun secours dans ce dossier du Sahara alors qu’elle vient de boucler une année de présidence tournante à la tête de l’Union africaine.
L’Afrique du sud a également passé deux années au sein du Conseil de sécurité en tant que membre non permanent et a même présidé l’exécutif onusien, ce qui n’a pas empêché ce dernier d’adopter, coup sur coup, en 2019 puis en 2020, deux résolutions qui soutiennent une solution réaliste, substantielle à l’autonomie élargie proposée par le Maroc en vue de régler définitivement le conflit créé autour du Sahara.
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A travers ces manœuvres qui précèdent le tout prochain sommet panafricain, Alger cherche en fait à rendre caduque, sinon violer carrément, la décision 693 prise par l’UA au sommet de Nouakchott en juillet 2018. Cette décision consacre l'exclusivité de l'ONU dans la recherche d'une solution au conflit créé autour du Sahara, en se faisant aider, à titre consultatif, par une troïka de présidents africains.
En parallèle à ces manœuvres de la diplomatie du voisin de l’est, les médias officiels algériens continuent leur propagande mensongère sur le Sahara. L’APS a ainsi ajouté un autre trophée à son tableau déjà nourri de désinformations, largement meublé par l’illusion d’une guerre fictive que mènerait le Polisario contre le Maroc, ou celle d’un «possible» revirement quant à la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les Etats-Unis d’Amérique.
Selon l’agence de presse algérienne, «le conflit du Sahara Occidental a été défini comme une des priorités au cours de la période (2021/2024) par le président en exercice de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, qui a annoncé, dimanche, son intention de se présenter pour un second mandat à la tête de la commission». Or, dans son programme, Moussa Faki Mahamat a juste promis d’apporter la «contribution» de l’Afrique à une solution au conflit artificiel du Sahara car, après tout, c’est bien lui qui a compris que ce conflit est une pure création de l’Algérie, et qu’il fallait en débarrasser à tout prix l’Union africaine pour que cette institution se penche sur les véritables défis du continent.