Robert Dussey, ministre togolais des Affaires étrangères, de l’intégration africaine et des Togolais de l’extérieur, a inauguré jeudi dernier le consulat général de son pays à Dakhla, en compagnie de son homologue marocain Nasser Bourita. Le chef de la diplomatie togolaise a déclaré à cette occasion que «l’ouverture du consulat général du Togo à Dakhla exprime le soutien à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale du Maroc».
Venant du Togo, ce soutien à la souveraineté du Maroc sur son Sahara revêt une importance de premier ordre pour plusieurs raisons.
Nul n’ignore en effet que le Togo, alors sous la férule de feu le général Gnassingbé Eyadéma, avait cédé aux sirènes de la propagande algérienne et reconnu la fantomatique RASD le 15 mars 1976, avant de lui retirer cette reconnaissance quelque deux décennies plus tard, soit le 18 juin 1997.
Mais alors que la diplomatie algérienne et le Polisario tentaient de minimiser la cascade des retraits de reconnaissance de la RASD, en continuant à énumérer le Togo parmi les Etats qui soutenaient encore la fantomatique république, Lomé a réagi en remettant à nouveau les pendules à l’heure.
Lire aussi : Sahara marocain: la République du Togo ouvre son consulat général à Dakhla
En juin 2007, et en prélude au sommet de l’UA à Banjul, le ministre d’Etat togolais et ministre des Affaires étrangères et de l’intégration africaine à l’époque, Zarifou Ayeva avait déclaré: «nous avons constaté que le Togo continue de figurer dans la documentation de l'UA comme étant un pays qui reconnaît encore la RASD et nous avons tenu à rectifier cette erreur».
«Rectifier cette erreur»: tout est dit, quand on sait que c’est un autre Togolais qui a commis l’erreur monumentale d’accorder à la RASD la qualité d’Etat membre de l’OUA (Organisation de l’Union africaine), en violation flagrante de la charte même de cette dernière qui exige, dans ses articles 4 et 28, la qualité d’«Etat indépendant et souverain» pour être admis au sein de l’organisation panafricaine.
C’est donc l’ancien secrétaire général de l’OUA, le Togolais Edem Kodjo, qui est en fait à l'origine de la forfaiture sans précédent ayant conduit, en 1982, à introduire par effraction un Etat qui n’existe pas au sein de l’organisation panafricaine. Il avait alors concocté, sous la pression d'Alger, une majorité simple de 26 Etats, alors que dans toutes les organisations internationales et régionales, c’est la majorité renforcée (2/3) qui est la règle pour l’admission d’un nouveau membre.
Lire aussi : Sahara: à l'ONU, le soutien grandissant et sans équivoque au plan d’autonomie
Cette erreur commise par Edem Kodjo persiste encore au niveau de l’actuelle Union africaine, qui a remplacé l’OUA en 2002. Mais depuis le retour du Maroc au sein de l’organisation panafricaine où la «RASD» est désormais reniée par l’écrasante majorité des pays qui avaient soutenu son entrée à l’OUA, ces derniers considèrent la présence de ce fantôme à l’UA comme une anomalie héritée de la défunte OUA, anomalie qui doit être réparée à travers l’expulsion pure et simple de cet intrus.
C’est dire jusqu’à quel point l’ouverture d’un consulat du Togo, pays de Edem Kodjo, est importante et augure de la réparation inéluctable d’une erreur. La symbolique de la présence du Togo au Sahara atlantique est intimement liée au début de la fin de la mystification de l'UA par le tandem Algérie-Polisario.
D’ailleurs, ce duo s’est vu clouer le bec face au rythme soutenu des ouvertures de consulats étrangers dans les grandes villes du Sahara marocain, surtout que ses protestations sont constamment restées vaines.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a ainsi estimé, en réponse à des protestations de la diplomatie algérienne, que les ouvertures de consulats dans les villes de Laâyoune et Dakhla relevaient de la seule souveraineté des Etats.
Alger a auparavant tenté de jouer au chantage à l’encontre des Etats qui ouvrent des consulats dans les villes du Sahara marocain, allant même jusqu’à rappeler, en février 2020, son ambassadeur à Abidjan au lendemain de l’ouverture du consulat de la Côte d’Ivoire à Laâyoune. Depuis la junte a revu ses ambitions à la baisse et assiste, impuissante, aux percées diplomatiques du Royaume qui conduiront à l’expulsion de la fantomatique RASD de l’Union Africaine.