Pour la première fois, l’Algérie a laissé passer 24 heures sans réagir à un communiqué du Conseil de sécurité sur le Sahara. Près de 48 heures après le vote du Conseil de sécurité, vendredi 29 octobre à New York, de la résolution 2606, c’est toujours le silence radio à Alger. Un silence inédit du régime algérien, significatif du désarroi, de la désillusion et du désespoir qui dominent dans les esprits des pontes de la junte qui dirige l’Algérie.
Le régime algérien, et en particulier son ministère des Affaires étrangères, pourtant toujours prompt à élever la voix, est cette fois-ci resté muet. Le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, et son «envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental», Amar Belani, rasent les murs et ne donnent plus signe de vie.
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Il faut dire que la résolution 2602 du Conseil de sécurité, adoptée vendredi dernier par 13 voix pour et 2 abstentions (Russie et Tunisie), a apporté un cinglant démenti à la propagande et à l’extrême agitation dont a fait preuve le régime algérien ces dernières semaines. Cette résolution a sévèrement contrarié les attentes du régime algérien qui a pris ses élucubrations pour une réalité. Le grand tapage de ces dernières semaines, qui laissait présager une date décisive dans le processus de règlement du conflit du Sahara, a été remis à sa juste place par la communauté internationale: totalement insignifiant.
Qu’il s’agisse des divagations sur El Guerguerat, des «conditions» de l’arrêt de la guerre fictive au Sahara ou de la décision «irréversible» de se retirer des «tables rondes», tous ces excès d’Alger ont été accueillis avec indifférence par la communauté internationale.
A l’opposé de la non-réaction inédite du régime algérien, le Maroc a exprimé sa satisfaction suite au vote de la résolution 2602 et fait part de sa disposition à collaborer avec Staffan de Mistura, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, sur la base des recommandations du Conseil de sécurité.
Le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, a même animé une conférence de presse deux heures après le vote de la résolution 2602 pour affirmer que cette résolution confortait trois acquis importants réalisés par le Royaume: l’ouverture par plusieurs pays de consulats à Laâyoune et à Dakhla, la pacification du corridor d’El Guerguerat et la reconnaissance par les Etats-Unis d’Amérique de la souveraineté du Maroc sur le Sahara.
Le régime algérien active le Polisario pour menacer la communauté internationaleDevant ce silence inédit des autorités algériennes, la presse du voisin de l’est est désemparée. L’agence officielle, l'APS, dont la rédaction se trouve toujours dans l'attente du communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères, a effectué un service minimum, en annonçant dans une dépêche la prorogation d’une année du mandat de la Minurso. L'APS a ensuite versé, comme à son habitude, dans la falsification des faits et la désinformation, en affirmant que «le Conseil de sécurité appelle à la reprise des négociations Front Polisario-Maroc», sans mentionner ni l’Algérie, ni la Mauritanie, pourtant nommément citées à plusieurs reprises dans la résolution 2602, et sans faire aucune mention aux tables rondes.
Confrontés à une situation décidément très inhabituelle, les médias algériens ne savent pas comment aborder le sujet. Nombre d’entre eux versent dans les fake news, allant jusqu’à affirmer que les tables rondes ont été supprimées du texte définitif de la résolution suite à la demande d’Alger, d’autres ont carrément fait l’impasse sur le sujet, préférant traiter des sujet convenus et attendus, des «marronniers» dans le jargon journalistique, comme «la révolution du 1er novembre», ou encore la hausse des prix des patates.
Si le régime algérien a fait le choix d’avaler sa langue, il a en revanche activé les séparatistes du Polisario, qui ont diffusé un communiqué, samedi 30 octobre, en réaction à la résolution 2602. Dans ce communiqué, qui exprime sans aucun doute le ressenti du régime algérien, le Polisario accuse le Conseil de sécurité, et «particulièrement ses membres les plus influents», d’avoir «échoué» en adoptant une résolution «non équilibrée», dont les «conséquences seront graves pour la paix et la stabilité dans la région tout entière».
Les séparatistes du Polisario menacent «d’intensifier la guerre au Sahara». On se demande quels moyens la junte algérienne va mettre à leur disposition pour atteindre cet objectif. Parce que jusqu'ici, la guerre au Sahara est purement fictive.
Mais il y a mieux: le Polisario pose une condition rédhibitoire à Staffan de Mistura pour reprendre le chemin des négociations: faire un voyage dans le temps, atterrir en 1991 et appuyer sur le bouton reset. En effet, le Polisario affirme qu’il «s’engagera dans le processus politique conformément à la résolution 690 de 1991», qui préconisait l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Autant dire que le régime algérien a décidé de rendre impossible le travail du nouvel envoyé personnel d’Antonio Guterres.
En panne d’idées, le régime algérien a donc actionné son Polisario pour le soustraire de l’obligation de participer aux tables rondes. Le Royaume du Maroc va assister en spectateur à cette parade qui fera long feu. Dans peu de temps, le chef de la diplomatie algérienne sera contraint de manger son chapeau.