Vendredi dernier, 16 février 2024, à Casablanca, Christophe Lecourtier, ambassadeur de France à Rabat, a affirmé qu’il serait totalement illusoire et irrespectueux de croire en la possibilité de construire un avenir partagé avec le Maroc sans que la France ne clarifie sa position sur la question du Sahara marocain.
Il se trouve que c’est exactement ce qu’attend le Royaume de la part de l’Élysée depuis des années, commente Al Akhbar dans son éditorial de ce lundi 19 février 2024.
Le Maroc attend de la France, a expliqué l’éditorialiste du quotidien, «de sortir de la zone grise» et «de rejoindre les puissances mondiales qui appuient aujourd’hui le plan d’autonomie, sous la souveraineté marocaine, présenté par le Maroc comme unique solution à ce conflit».
Le Royaume, explique Al Akhbar, a su tenir des années durant et a fait face aux positions ambigües et changeantes de la présidence française.
Des positions qui indiquent, sans l’ombre d’un doute, que l’Élysée désire tout à la fois le beurre du Maroc, et l’argent du beurre de l’Algérie. La présidence française a donc adopté une posture prônant une non-position, une sorte de zone de confort dans laquelle elle ne se prononce ni pour le plan d’autonomie, ni pour le séparatisme. Paris n’appuie pas clairement le premier, tout comme elle ne soutient pas ouvertement le second.
Selon l’éditorialiste d’Al Akhbar, la diplomatie marocaine est claire, depuis l’accession d’Emmanuel Macron à l’Élysée, considérant que «la politique des coups en-dessous de la ceinture prônée par le gouvernement français à l’encontre du Royaume est indigne de celles que pourrait adopter un allié stratégique, ou supposé tel».
La diplomatie marocaine a ainsi dû mettre la France en garde, à plusieurs reprises, contre sa politique de deux poids deux mesures, surtout lorsqu’il s’agit des questions stratégiques du Royaume.
Toutefois, explique le quotidien, les dirigeants français sont restés hésitants, et n’ont jamais eu cette audace de prendre une décision aussi courageuse que celle, par exemple, adoptée par l’Espagne.
Aujourd’hui, après des années d’incompréhension entre Paris et Rabat, la diplomatie française semble revenir à la raison, et envoie des signaux de nature à faire fondre la glace qui caractérise les relations entre les deux pays.
Ce mur de glace, c’est bien la Macronie qui semble l’avoir érigé entre la France et le Maroc, après avoir mis à terre l’édifice que les deux pays avaient mis des décennies à construire.
La France, estime l’éditorialiste d’Al Akhbar, a compris, même tardivement, que ses initiatives prises en appui à une campagne de dénigrement qui avait visé les symboles de l’État marocain, tout particulièrement ceux de sa souveraineté, pour tenter de le faire chanter, ne pourraient aboutir à rien de concluant.
Cette politique de torsion du bras ne fait que créer un climat malsain dans les relations entre les deux pays, soutient le quotidien.
Cette attitude démontre aussi que la France n’a jamais voulu qu’une solution soit trouvée au conflit artificiel autour des provinces du Sud.
Mais Paris oublie aussi, souligne l’éditorialiste d’Al Akhbar, que l’ambiguïté et le manque de clarté de ses positions ne font que détruire ses relations avec le Maroc.
L’éditorialiste conclut son propos en affirmant que la diplomatie française a beau s’empresser de souhaiter voir effectif et rapide un retour à la situation d’avant en ce qui concerne les relations entre les deux pays, cela ne saurait se réaliser sans plus de clarté, et davantage de garanties, plus solides, de la part de ce pays.
Le Maroc, qui a été poignardé dans le dos par la Macronie, ne va certainement pas se laisser faire une seconde fois.