Fini le temps où le ministère éthiopien des Affaires étrangères se fendait, ces dernières années, de communiqués réitérant le soutien total de son pays au séparatisme prôné par la fantomatique «RASD».
Jeudi dernier, un envoyé du Polisario, reçu à Addis-Abeba par le chef de la diplomatie éthiopienne, a été surpris par le changement de ton dans ce pays jusqu’ici compté parmi les rares soutiens des séparatistes.
Ce même 11 mars 2021, en effet, le vice-Premier ministre et ministre éthiopien des Affaires étrangères, Demeke Mekonnen, a asséné un coup dur au Polisario. En recevant à Addis-Abeba Mohamed Salem Ould Salek, soi-disant chef de la diplomatie de la pseudo-RASD, porteur d’un message de Brahim Ghali, chef du Polisario, Demeke Mekonnen a clairement expliqué à son interlocuteur que le dossier du Sahara était désormais entre les mains de l’Organisation des Nations Unies, et qu’il faut en ce sens respecter la légalité, telle qu’instaurée par l’Union africaine en 2018.
Selon deux médias éthiopiens, waltainfo et Fana BC, Demeke Mekonnen a «assuré que l'Ethiopie a toujours été cohérente dans son soutien à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, conformément aux principes et aux objectifs de l'acte constitutif de l'Union africaine et de la Charte des Nations Unies».
Bien que le chef de la diplomatie éthiopienne n’a pas cité nommément le dossier du Sahara, l’émissaire du Polisario a suffisamment compris que l’Ethiopie, qui reconnaît pourtant les séparatistes depuis plusieurs années, et dont elle accueille une soi-disant «ambassade», est en train de réajuster sa position sur le Sahara marocain.
Ce changement de ton est d’autant plus significatif que l’Ethiopie était jusqu'ici considérée par le Polisario comme étant son principal allié diplomatique, Addis-Abeba abritat le siège de l’Union africaine, unique organisation régionale au monde où le Polisario a réussi à siéger par effraction.
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C’est d’ailleurs à ce titre que l’émissaire du Polisario était venu chercher un soutien dans la «capitale de l’Afrique», en vue de réclamer un hypothétique retour du dossier du Sahara dans le giron de l’Union africaine. Mais c’était sans compter que depuis le retour du Maroc au sein de l’UA, les pays africains ont commencé à prendre conscience de cette supercherie que constitue la «RASD», une entité co-signée par Houari Boumédiène et Mouammar Kadhafi, et qui ne doit son existence qu’à l’appui financier, militaire et diplomatique du régime d’Alger.
L’Ethiopie illustre ainsi parfaitement cette prise de conscience, à travers une décision sans équivoque et respectueuse de la légalité, décision qui a laissé sans voix les médias officiels algériens. Ceux-ci ont d’abord tardé à relater cette entrevue, avant que l’APS ne se décide à rapporter, deux jours plus tard, que les entretiens entre Ould Salek et les Ethiopiens «ont porté sur la situation régionale et internationale (…), les deux parties se sont félicitées des excellentes relations bilatérales historiques, faisant part de leur disposition à les développer au service des deux peuples et pays».
A aucun moment, les déclarations chocs du ministre éthiopien des Affaires étrangères n’ont été reprises par l’APS. Cette dernière est même descendue trop bas dans la désinformation, en prenant comme source un site du Polisario. Or, même en prenant la peine de consulter ce pseudo-média, on ne trouve aucune trace de cette rencontre d’Addis-Abeba qui a pourtant bien eu lieu, mais dont l’issue a fait l'effet d'une vraie douche froide pour les sites séparatistes, qui ont donc choisi de l'ignorer.
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Ce changement radical de la position d’un ancien soutien du Polisario est le deuxième revers diplomatique d’envergure enregistré par le tandem Algérie-Polisario, au courant de la même semaine.
Il intervient en effet deux jours seulement après que leurs manœuvres au sommet du Comité de paix et de sécurité de l’Union africaine, le 9 mars dernier, ont piteusement capoté, alors que l’Algérie n’a réussi à réunir (par visioconférence) que les quatre chefs d’Etat africains qui soutiennent encore les séparatistes du Polisario. Lors de cette réunion, qui s’est apparentée à un hold-up diplomatique, ce sont les ministres des Affaires étrangères des autres Etats participants qui ont rappelé aux chefs d’Etat algérien, kenyan, sud-africain et mozambicain, que le CPS de l’UA n'était pas habilité à se pencher sur le dossier du Sahara. Le même rappel à l’ordre est également venu du président la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, qui a considéré cette réunion du CPS comme illégale. Selon lui, elle viole la résolution 693 de l’UA, adoptée à l’unanimité par les chefs d’Etat africains en juillet 2018 à Nouakchott, et en vertu de laquelle c’est l’ONU qui a l’exclusivité de gérer le dossier du Sahara.
Cette résolution 693 de l’UA sera finalement le credo du nouveau président du Conseil de paix et de sécurité, le Nigerian Bankole Adeoye, qui a officiellement pris ses fonctions le vendredi 12 mars dernier, mettant ainsi fin à une autre (grosse) supercherie algérienne, nommée Smaïl Chergui. Ce dernier rentre dans son pays abattu, désespéré et humilié. A l’UA, le «scavenger», car tel était son surnom, n’aura même pas eu droit à un pot d’adieu.