Dans une lettre au ton à la fois diplomatique et ferme, Nizar Baraka, secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, a exprimé un profond malaise face à l’attitude jugée ambivalente du Parti Populaire espagnol (PP) sur la question du Sahara marocain.
Cette missive, adressée à Alberto Núñez Feijóo, fraîchement reconduit à la tête du PP lors de son 21ᵉ congrès extraordinaire tenu le week-end dernier à Madrid, a été rendue publique dans un contexte de crispation, après la polémique suscitée par l’invitation de représentants du Front Polisario à prendre part aux travaux du congrès, indique le quotidien Assabah dans son édition de ce lundi 14 juillet.
Sous des mots de félicitations protocolaires, Nizar Baraka n’a pas caché sa désapprobation.
Tout en saluant la reconduction de Feijóo à la présidence du parti conservateur, le leader de l’Istiqlal, formation membre de l’Internationale démocrate centriste aux côtés du PP, a tenu à rappeler l’inquiétude grandissante de son parti face au flou persistant entourant la position du Parti Populaire sur le dossier du Sahara.
Dans sa lettre, relate Assabah, Baraka insiste sur le fait que cette posture ambiguë tranche avec la dynamique internationale qui s’est consolidée, ces dernières années, en faveur de l’initiative marocaine d’autonomie. Proposée par Rabat en 2007, cette initiative est, selon le chef de l’Istiqlal, la seule «réaliste et crédible» pour clore un différend artificiel, tout en ouvrant des perspectives nouvelles de stabilité et de développement pour l’ensemble de la région maghrébine et sahélienne.
Il souligne que cette solution est de plus en plus soutenue par les grandes puissances mondiales et régionales, citant notamment les États-Unis, 22 pays européens dont la France et le Royaume-Uni, tous deux membres permanents du Conseil de sécurité, ainsi qu’un nombre croissant de nations africaines, arabes, latino-américaines et asiatiques.
En invitant la direction du PP à clarifier sa position, poursuit Assabah, Baraka n’a pas manqué de rappeler les liens stratégiques qui unissent le Maroc et l’Espagne, insistant sur la nécessité de préserver une cohérence politique entre formations partenaires.
Il appelle à un dialogue direct et à une concertation soutenue pour éviter tout malentendu susceptible de fragiliser les acquis diplomatiques laborieusement construits entre les deux royaumes voisins.
Le congrès du PP, censé marquer la relance du parti conservateur, s’est retrouvé au cœur de la polémique après avoir ouvert ses portes à une délégation du Front Polisario, rappelle le quotidien.
Une décision jugée «en total décalage» avec la réalité des relations hispano-marocaines, selon plusieurs voix au Maroc, qui y voient une provocation et un signe d’alignement sur des thèses séparatistes en contradiction avec le consensus international.
Nizar Baraka a exhorté Alberto Núñez Feijóo à adopter une «position claire et stratégique», à la hauteur du partenariat exemplaire entre Rabat et Madrid, et conforme aux attentes d’une période charnière où la cohérence diplomatique devient un gage de crédibilité et de stabilité pour l’avenir.








