Panique générale dans la vieille garde qui dirige l’Algérie. Pris de court par les évènements en Ukraine et craignant une tournure qui soit défavorable à l’allié russe, le régime algérien essaie de consolider ses relations avec le géant chinois. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a achevé ce lundi 21 mars une visite de 3 jours en Chine. Elle a été sanctionnée par un communiqué conjoint, dont les termes laissent entendre que le régime algérien fait feu de tout bois et chavire au gré des courants.
Tout d’abord, Ramtane Lamamra a tenté d’amadouer son homologue chinois, Wang Yi, en jouant sur les dossiers les plus importants pour la Chine, et ce, en l’assurant du soutien de l’Algérie quant à l’intégrité territoriale de la Chine face au séparatisme de l’île de Taïwan et aux ingérences occidentales, par le biais des droits de l’homme, dans l’enclave chinoise de Hong Kong. Mais Lamamra a lamentablement échoué à faire dévier l’Empire du milieu de ses positions, surtout sur le Sahara.
Cela n’a pas empêché l’APS d’écrire que «le ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra et son homologue chinois, Wang Yi, se sont félicités de la convergence de vues concernant les questions d'intérêt commun dont la question du Sahara occidental».
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En réalité, de convergence de vues, il n’en est point, puisque dans le communiqué commun sino-algérien, tel que rapporté par l’agence de presse algérienne, il est précisé que, «concernant le dossier du Sahara, les deux parties ont affirmé leur soutien aux efforts visant à parvenir à une solution durable et juste dans le cadre de la légalité internationale, notamment les résolutions pertinentes des Nations Unies».
Or on savait que la gérontocratie est ce qui caractérise le mieux le régime algérien. Mais on ignorait que les chibanis qui dirigent le pays ont des troubles de mémoire au point de ne plus se souvenir de positions qui remontent à moins de six mois.
En effet, l’on se rappelle que lors de l’adoption à une écrasante majorité, le 29 octobre dernier, de la résolution 2602 du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara, votée au demeurant par la Chine, le département de Lamamra avait affirmé, dans un communiqué publié le 31 octobre 2021, que «suite à l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations Unies de la Résolution 2602 (2021), l'Algérie exprime son profond regret quant à l'approche fondamentalement déséquilibrée consacrée par ce texte qui manque cruellement de responsabilité et de lucidité du fait du forcing malencontreux de certains des membres influents dudit Conseil». Il avait aussi précisé que «l'Algérie ne soutiendra pas cette résolution», qu’il qualifiait de «partiale» pour la simple raison qu’elle préconise une solution politique basée sur le réalisme, et que l’Algérie y est citée en tant que partie prenante au conflit créé autour du Sahara.
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Moins de six mois plus tard, et sans doute assommé par la nouvelle position de l’Espagne qui reconnaît le plan d’autonomie présenté par le Maroc en 2007, comme la base pour résoudre le différend du Sahara, Lamamra voulait à tout prix que le communiqué conjoint avec son homologue chinois mentionne le Sahara occidental. Quitte à oublier que cette mention fait référence à une résolution pertinente du Conseil de sécurité que son département a rejetée le 31 octobre 2021.
Comment peut-on appeler cette incohérence de la diplomatie algérienne? Troubles mnésiques en raison de la sénilité des dirigeants algériens? Recherche à n’importe quel prix de la moindre percée diplomatique pour la consommation intérieure, fut-ce en reniant un communiqué récent? L’art de dire une chose et son contraire? A moins que le communiqué sino-algérien ne porte la marque subliminale d’un repentir. Peut-être que trop isolé, le régime algérien a décidé de rompre avec son rang de paria et de rallier la communauté internationale.
Quoi qu’il en soit, Ramtane Lamamra vient de nous donner une nouvelle illustration d’une diplomatie à la dérive.