C’est, encore une fois, via un média algérien, en l’occurrence cette fois-ci l’agence de presse d’Etat APS, que sont rapportés les décisions du Polisario. Une longue dépêche, signée à Alger, et mise en ligne jeudi 20 mai, mais bizarrement datée du 30 avril dernier, informe ainsi que ledit front a (enfin) accepté un nouvel émissaire de l’ONU (Organisation des Nations unies). Nommons Staffan de Mistura, diplomate italo-suédois.
Cité par la même agence, l’ambassadeur de la chimérique Rasd à Alger, Abdelkader Taleb Omar, précise que le Polisario a donné son accord le 29 avril dernier, d’où probablement le «lapsus» sur la date de publication de l’information. La question qui reste posée est, donc, pourquoi Alger et sa pupille ont attendu tout ce temps-là pour le dire ouvertement. Mais passons.
Un poste «compliqué»Interrogée par le360 sur l’acceptation par le Polisario de la candidature de Staffan de Mistura et quelle suite le Maroc lui a donnée, une source autorisée au ministère marocain des affaires étrangères a répondu: «le Maroc ne réagit pas aux décisions des autres, mais agit en fonction de ses intérêts».
D’aucuns le savent. Le poste de représentant personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara est resté vacant depuis mai 2019, quand l’ancien président allemand Horst Kohler a jeté l’éponge pour raisons de santé. Le SG de l’ONU, par la voix de son porte-parole Stéphane Dujarric, explique la difficulté à lui trouver un successeur: «Il s'agit d'un poste compliqué pour lequel il a toujours été un peu difficile de trouver la bonne personne».
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La «validation» de Staffan de Mistura par Alger, puisque c’est de cela qu’il s’agit, intervient après une longue série de refus opposés au nom du Polisario à d’autres candidats. Vendredi 7 mai dernier, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, révélait avoir proposé depuis deux ans quelque 12 prétendants potentiels, majoritairement refusés par l’Algérie qui dicte la conduite à suivre à «son» front. C’est ainsi que le très sérieux candidat portugais Luis Amado, ancien ministre des Affaires étrangères, a été recalé. Et, avant lui, Petre Roman, ancien chef de la diplomatie et premier ministre roumain. Le motif de ces niet? Rabat aurait été favorable à l’un et à l’autre. Ces deux derniers refus ont été révélés, tour à tour, par le quotidien algérien Al Watan.
Que nous révèle le CV de Staffan de MisturaAvec 40 ans de carrière au sein de l’ONU, l’homme âgé de 74 ans a officié comme envoyé spécial de l’organisation onusienne ou représentant spécial de son SG au Sud-Liban (2001-2004), en Irak (2007-2009), en Afghanistan (2010-2011) et en Syrie (2014-2018). Dans aucun des points chauds où il a eu à intervenir, on ne lui reconnaît une avancée majeure à retenir. Les missions qui lui ont été confiées se sont toutes révélées impossibles.
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Staffan de Mistura réussira-t-il une médiation au Sahara atlantique alors qu'il a échoué sur d’autres fronts? Il est peu probable qu’un profil, qui a fait le plus clair de sa carrière à l’ONU, puisse réussir là où des émissaires avec la stature d’un homme d’Etat ont échoué. Manifestement, il n’a pas le profil pour réussir une médiation dans ce dossier.
De plus, pour avancer sur ce dossier, le mandat de quelque émissaire onusien que ce soit doit tenir compte de deux paramètres. Le premier est lié au réalisme de la mission qui lui est confiée. Lequel réalisme est consubstantiel à une large autonomie au Sahara atlantique, exercée sous souveraineté marocaine. Le second paramètre est relatif à l’Algérie qui est la véritable partie au conflit. Le Polisario est une milice invivable sans le soutien d’Alger. Et ce n’est pas l’épisode rocambolesque du chef de ce Polisario, admis en Espagne sous un nom d’emprunt avec un passeport diplomatique algérien, suite à une requête du chef de la diplomatie algérienne, qui démentira que le Polisario ne peut pas exister sans l’Algérie.