Annoncé tambour battant pour le mois de mars à Alger, le sommet de la Ligue arabe est toujours orphelin d’une date, alors qu'il est extrêmement rare qu’une date ne soit pas fixée à un rendez-vous de ce niveau, et que nous sommes à J-45 de l'arrivée du mois de mars 2022. A cette échéance, il est quasiment inédit que le pays hôte peine encore à fixer une date pour un sommet aussi important.
L’absence de date au sommet de la Ligue arabe est significative d’une gêne généralisée parmi ses Etats membres. Il existe visiblement des interrogations et des réticences, à la fois sur le contexte politique du pays d’accueil et sur la situation épidémiologique. Le contexte politique l’emporte largement sur les craintes liées à la pandémie.
En effet, l’escalade sans précédent orchestrée par le régime algérien contre le Royaume du Maroc pollue l’organisation de ce sommet. Embourbé dans les agressions à répétition contre le Maroc, le régime algérien cherche une voie de sortie pour éviter une humiliation: celle de voir les pays influents peu empressés de participer à ce sommet, ou, pire encore, que les chefs d’Etat s’y fassent représenter.
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Au plus haut niveau du régime algérien, le président Tebboune et son ministre des Affaires étrangères avaient multiplié les allusions, en vue de créer dans cet hypothétique sommet un front contre les pays arabes normalisateurs avec l’Etat d’Israël, avec, évidemment, le Maroc dans le viseur.
L’effet boomerang de l’hostilité de la junte contre le MarocLes sorties du régime algérien contre le Maroc ont été sévèrement recadrées au mois de décembre dernier, tour à tour par les pays du CCG et par le secrétariat de la Ligue arabe. Dans la déclaration finale qui a sanctionné les travaux de la 42e session du conseil suprême du CCG, lue par Nayef Ben Falah Al-Hajraf, secrétaire général de cette organisation, les pays du Golfe ont réitéré leurs positions et décisions fermes en faveur de la marocanité du Sahara, et de la préservation de la sécurité et de la stabilité du Maroc ainsi que de son intégrité territoriale.
Une semaine plus tard, la Ligue des Etats arabes a adressé une note à tous les organes et organisations sous sa bannière, recommandant l’adoption d’une carte unifiée dans tous les évènements qu’ils organisent, en joignant une carte des pays arabes comprenant la carte complète du Maroc. La Ligue arabe a exigé le respect total de cette note. En d’autres termes, la junte dont l’hostilité à l’intégrité du Royaume est une affaire de vie ou de mort devra, à son corps défendant, arborer à Alger la carte des Etats membres de la Ligue arabe, incluant donc le Maroc, partageant ses frontières au sud avec la Mauritanie.
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Sentant le vent tourner en faveur d’une résistance de plus en plus grandissante à participer au sommet de la Ligue arabe d’Alger, Ramtane Lamamra a pris les devants dans un entretien avec le quotidien arabophone, établi à Londres, Al Qods Al Arabi, pour se plaindre de «parties qui œuvrent à saper le prochain sommet. En cas d'échec, ils tenteront d'affaiblir la représentation».
Le régime algérien négocie l’organisation du sommet de Ligue arabeLa presse algérienne a même annoncé une visite d’Etat du président Tebboune en Egypte. Objectif de cette visite, selon le journal en ligne Algeripart: «Tebboune espère convaincre Al-Sissi d’intercéder auprès des monarchies du Golfe en faveur de l’Algérie afin de les persuader de participer activement au prochain Sommet Arabe en dépit de l’intense guerre froide et diplomatique, qui oppose le régime algérien au Maroc». Curieusement, la presse algérienne a subitement cessé de s’emballer pour la visite de Tebboune en Egypte.
Il faut reconnaître que le régime algérien, aveuglé par la volonté d’arracher une annonce lui permettant de mettre fin à son interminable séquence d’échecs, se retrouve empêtré, à ne plus savoir sur quel pied danser. C'est ainsi que le président Tebboune avait annoncé, en décembre 2021, la volonté de son pays d’organiser «une conférence unificatrice des factions palestiniennes en Algérie».
Contacté par Le360, un ancien ambassadeur d’un pays de l’UE en Egypte s’étonne de la démarche algérienne en direction des factions palestiniennes. «L’interlocuteur et l’intermédiaire entre les factions palestiniennes, c’est l’Egypte. Ce champ-là est la chasse gardée du Caire. Que l’Algérie veuille s’inviter sur un terrain quasi-exclusivement égyptien est très maladroit et n’est pas de nature à plaire au président Al-Sissi», affirme cet interlocuteur, qui ajoute que «l’Egypte n’acceptera jamais que l’Algérie vienne chasser dans son domaine». Voilà qui expliquerait peut-être le froid qui a succédé aux annonces emballées d’une visite d’Etat du président algérien en Egypte.
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Redoutant un échec cuisant, Ramtane Lamamra a entrepris, depuis une semaine, un périple en Arabie Saoudite, aux Emirats Arabes Unis et en Egypte, en vue de fournir les assurances d'Alger sur l’organisation du sommet et donc apaiser les inquiétudes des uns et des autres. «Le message des pays du CCG, de même que d’autres Etats membres de la Ligue arabe a été clair: si le Maroc n’est pas à l’aise, nous non plus!», confie, interrogée par Le360, une source diplomatique marocaine.
Pour contourner ces difficultés, que le régime algérien a lui-même dressées, et donc éviter une humiliation, Ramtane Lamamra montre patte blanche. Le régime algérien est en train de négocier l’organisation du sommet de la Ligue arabe. Mais cette négociation est, en soi, une humiliation. «Même le menu du déjeuner doit être validé au préalable», confie cette source. C’est seulement à ce prix-là que le régime algérien peut éviter une humiliation publique. Selon nos sources, les assurances données par le régime algérien seront discutées lors d’un rendez-vous au Koweït, prévu dès la fin du mois de janvier en cours.