Un groupe thématique avait ainsi été créé, portant sur les défis croisés des changements climatiques et de l’Agenda «Femmes, paix et sécurité». Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita s’en était expliqué. Un nexus, une connexion existe entre les problématiques «Femme, paix et changement climatique». Ce n’est pas une structure administrative voire bureaucratique supplémentaire qui sera mise sur pied, mais plutôt une «coalition diversifiée».
Elle sera continentale, bien entendu, mais aussi ouverte à tous les pays qui partagent cette même approche et cette même vision. Des domaines stratégiques ne pouvant qu’intéresser et mobiliser des partenaires et des organisations internationales. Cette initiative marocaine a été saluée. En effet, une prise de conscience se fait de plus en plus dans le monde: l’Afrique est en mesure d’emprunter la voie d’avenir -de cette problématique climatique; elle a «besoin d’interaction avec ses partenaires et de leur accompagnement» mais surtout pas «de projets, de documents ni d’idées...». Le Maroc se distingue à cet égard par son Plan d’action national (PAN) sur les Femmes, la Paix et la Sécurité (WPS), lancé voici près d’un an, le 23 mars 2022. Une réflexion pionnière. Une plateforme d’action articulée autour de ces axes: la diplomatie préventive, la médiation et le maintien de la paix, la promotion d’une culture de la paix et de l’égalité, la participation économique des femmes, etc. Dans son discours du Trône, le 30 juillet dernier, le Souverain avait souligné l’exigence de la promotion de l’égalité hommes-femmes et des droits des femmes comme fondements d’une société moderne et démocratique. De l’action donc, en lieu et place d’une certaine rhétorique sans impact.
Des défis globaux à relever. Une approche de coopération et d’interaction à privilégier. Une vision commune du Maroc et de l’Union africaine aussi. Il s’agit d’assurer une émergence durable du continent et du rôle des femmes africaines, en relevant le défi des changements climatiques. Quel autre pays a pris en charge jusqu’à présent ces problématiques? Les uns et les autres évoquent souvent, à l’occasion, les conséquences de ces phénomènes. Mais qu’en est-il des souffrances des femmes qui en sont les victimes, pratiquement en première ligne?
Lors du Premier Sommet de l’action africaine, tenu le 16 novembre 2016 à Marrakech, en marge de la COP22, les participants s’étaient engagés à relever les défis cruciaux posés par le changement climatique et ses impacts sur la paix et la sécurité internationales. Ils avaient aussi appelé à la promotion de politiques et de mesures appropriées, tels des catalyseurs de transformation structurelle sur les plans économique et social. Dans son intervention, le ministre marocain a déclaré qu’il n’y aura pas d’adaptation ni d’atténuation efficaces dans ce domaine si l’on ne tient pas compte des «effets spécifiques» au changement climatique. Cela veut dire qu’il est vain d’escompter à terme une résilience climatique sans égalité des sexes, sans la plénitude des droits des femmes. Les défis de l’heure dans le continent, traditionnels et émergents, doivent être mis en perspective et même transformés. Il faut les inscrire et les transformer en véritables opportunités de partenariats régionaux et sous-régionaux. Il faut également veiller à en faire «un catalyseur d’action collective».
Le changement climatique? Un grand fardeau pour le continent alors qu’il ne représente que 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Il est un facteur et même un amplificateur de menaces, plus que dans toute autre région. Rien d’étonnant: avec la sécurité environnementale, sont mises en cause la sécurité environnementale, alimentaire et humaine, la sécurité dans toutes ses composantes. Les illustrations de cette situation ne manquent pas. L’une a trait au stress hydrique qui touche quelque 250 millions d’Africains par suite de l’augmentation de la demande en eau, des précipitations irrégulières et de la sécheresse. L’autre regarde la multiplication des catastrophes naturelles qui s’accélèrent à un rythme rapide. Enfin, la rareté des ressources avec le changement climatique -un facteur de conflits entre des groupes sociaux ne pouvant être qu’un terreau fertile à l’extrémisme violent sous telle ou telle forme.
Climat Sahel: un programme-pilote pour le continent. Le message Royal a ainsi appelé à la responsabilisation de l’Afrique et de l’ensemble de la communauté internationale. D’ici 2030, de sérieuses menaces vont s’accentuer sur 118 millions de personnes; la pauvreté va atteindre 13 millions de personnes supplémentaires dans les pays sahéliens. La COP 2027 a prévu un fonds de 100 milliards de dollars alors que jusqu’à présent seuls 12% de ce financement ont été assurés à l’Afrique…
Ce Sommet de l’UA a eu un ordre du jour chargé. Y figurent des points liés à l’état des lieux dans le continent: un accord entre le Rwanda et la RDC sur le M23, ce mouvement séparatiste; l’avancement de la zone de libre-échange (ZLECAF), les réfugiés et les personnes déplacées, la sécurité alimentaire, la réforme institutionnelle de l’Union, l’octroi d’un siège africain au sein du G20, les usages pacifiques de l’énergie nucléaire. Autant de questions qui ne doivent pas minorer les problématiques transversales d’aujourd’hui et de demain, à savoir les conditions à réunir pour asseoir durablement le développement -la mobilisation contre le changement climatique en étant l’une des composantes majeures.