Une nouvelle architecture institutionnelle fonctionnelle, des initiatives stratégiques fédératrices, des priorités clairement fixées et justifiées, une optimisation budgétaire rationnelle… C’est ce qui ressort du premier point d’information du nouveau commissaire aux Affaires politiques, à la Paix et la Sécurité. Le Nigérian Bankole Adeoye a déroulé, le 20 mai 2021, devant le comité des représentants permanents de l’Union africaine le programme de son mandat qu’il présente comme une nouvelle approche pour une "Afrique paisible, sécurisée et mieux gouvernée".
Né de la fusion entre le département des Affaires politiques et celui de la Paix et Sécurité, cette nouvelle structure de l’organisation panafricaine couvre désormais une panoplie de thématiques complémentaires: bonne gouvernance et démocratie, droits de l’homme et Etat de droit, en plus de la prévention et la gestion de conflits.
De nouvelles directions sont ainsi créées afin de déployer la vision stratégique de ce Conseil qui s’inscrit pleinement dans les orientations de l’Agenda 2063 de l’UA. Il s’agit dans le détail, de la direction de "gouvernance et prévention de conflits" couvrant tout ce qui a trait à la démocratie, aux élections et réformes sécuritaires; ainsi que la direction de "management de conflit" qui s’occupe entre autres de la médiation et du dialogue, du monitoring de la gouvernance, ainsi que des opérations de soutien de la paix à travers les différentes missions de l’UA déployés sur le terrain.
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Bankole Adeoye a également dévoilé son plan d’action stratégique prioritaire consistant par exemple à redynamiser le système d’alerte précoce de conflits et la mise en place d’un partenariat inclusif et intelligent pour la sécurité humaine. Les initiatives en cours dans les différentes zones de conflit et les neuf projets à déployer d’ici 2022 ont été également présentés par le commissaire, avec budget prévisionnel à l’appui: environ 33 millions de dollars.
Cette approche réfléchie et structurée, initiée par le nouveau commissaire, dénote avec les pratiques de son prédécesseur. L’Algérien Smaïl Chergui, qui a officié pendant deux mandats à la tête de ce département, n’avait cure des intérêts du continent. Plutôt que de se consacrer aux projets structurants, le "scavenger" comme le surnommaient ses confrères se contentait de servir exclusivement les intérêts d’Alger et d’attiser les tensions, dans un mépris total des procédures de l’organisation panafricaine.
La diplomatie marocaine considère ce début de mandat du commissaire Adeoye comme "une rupture avec les pratiques et manœuvres du passé", comme l’a affirmé Mohamed Arrouchi, représentant permanent du Royaume auprès de l’UA. Le plus important commissariat de l’UA sert désormais le continent et non pas un agenda.